Les Serpents

du 13 mars au 3 avril 2008

Les Serpents

Madame Diss fait partie des mères qui viennent voir leur fils uniquement quand elles ont besoin d’argent. Parce qu’elle a "de gros besoins" et que "les enfants coûtent, mais ils rapportent aussi". Nancy, sa belle-fille, veut retrouver les traces de son fils, mort dans des circonstancesétranges. Madame Diss, fidèle à elle-même, lui promet de lui livrer ses souvenirs contre de l'argent…

Madame Diss fait partie des mères qui viennent voir leur fils uniquement quand elles ont besoin d’argent. Parce qu’elle a “de gros besoins” et que “les enfants coûtent, mais ils rapportent aussi”. Sa belle-fille, France, l’adore, mais cela laisse Madame Diss de marbre. France est insignifiante, juste bonne à faire la navette entre Madame Diss et son fils tapi dans sa maison, dont il interdit l’entrée à sa mère.

Il y a aussi l’ex-belle-fille de Madame Diss, Nancy, qui se cache dans les champs pour observer la maison de loin. Nancy veut retrouver les traces de son fils, mort dans des circonstances plus qu’étranges. Elle veut connaître la vérité. Madame Diss, fidèle à elle-même, lui lance : “Fais le chèque, Nancy et je te livre alors mes souvenirs les plus chers”.

Les personnages persiflent et leurs morsures distillent un venin puissant. Ainsi commencent Les Serpents. La pièce est construite comme une spirale. A chaque tournant de cette spirale, il y a un combat, un règlement de compte familial.

Nancy - "Ah, le père, maintenant, à quoi ressemble-t-il ?"
Mme Diss - "Une fois le garçon mort et enterré, il a resplendi. La jeunesse et la satisfaction l’illuminaient de l’intérieur, tendaient et polissaient sa peau, embrasaient ses yeux. Je lui ai dit, en lui tapotant la joue : tu t’es nourri de Jacky, tu t’es engraissé de lui… Il a remué les lèvres et la mâchoire comme s’il finissait d’avaler une petite boule de nourriture un peu pâteuse, puis il a souri largement pour me montrer comme ses dents étaient saines et luisantes."

Les deux belles-filles vont échanger leurs habits et leur vie, les enfants morts contre les vivants.

Imperceptiblement, tout en souriant, Marie NDiaye nous conduit vers la fin, digne de la tragédie antique : le sacrifice heureux de Nancy, la libération douloureuse de France et la solitude encore plus grande de Madame Diss. Comme chez Beckett, on va attendre... l’été prochain, par exemple... ou le feu d’artifice du 14 juillet, comme le font les deux enfants, raides dans leur costume de fête, attachés sur leur chaise pour ne pas se salir.

Julia Zimina

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Spectacle terminé depuis le jeudi 3 avril 2008

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