Les Voyages du Faune

Paris 14e
du 7 au 30 août 2002

Les Voyages du Faune

L'envers et l'endroit de la scène pour raconter la vie des artistes d'hier et d'aujourd'hui en textes, musiques et chansons. "Coup de coeur et l'on est heureux de trouver des artistes complets, capables de jouer, de danser et de chanter, le corps et le jeu en harmonie." Le Parisien.

d'après L'Envers du Music-hall de Colette..

"Toutes les nouvelles réunies sous le titre: L'Envers du music-hall datent d'un temps que j'appelle heureux.
Rien ne me manquait, ni le voyage, ni la régularité de la vie, ni les bons compagnons, ni la solitude. Je ne gagnais pas beaucoup d'argent, mais j'en gagnais juste assez. Je travaillais sur des scènes pauvres, mais elles portaient des noms éblouissants: l' Éden, l'Eldorado, le Palais de Cristal, l' Alcazar...
Ces nouvelles peignent le monde qui est de l'autre côté de la rampe. Je ne croie pas qu'il ait, en vingt-cinq ans, sensiblement changé. L'héroïsme y est ingénu, la gaieté et la mélancolie, sous l'astre froid du projecteur, y sont restées douces, ainsi que l'exige la pureté des moeurs du music-hall.
Certaines pages datent de Marseille, d'autres de Bordeaux, de Caen et de Bruxelles... Que faire sinon écrire, dans une chambre d'hôtel dont il ne faut pas, sous peine de rêverie dangereuse, regarder les murs ? J'écrivais. Je porte à ce livre-ci une bienveillance particulière: nulle part je n'eus besoin d'y mentir".

   Colette, in Préface à l'édition Guillot, 1937.

  • Colette et le music-hall par Susana Lastreto

Dans de  courtes nouvelles Colette raconte ses années de music-hall,   lorsque elle jouait la pantomime à Paris et en tournée.
C'est la vie d'une troupe de comédiens, chanteurs, danseurs, mimes, acrobates: ils   rêvent de gloire, de reconnaissance, du grand amour, de manger à leur faim, parfois aussi de révolte contre les dures conditions de vie que leur métier implique. Ils "tournent", de ville en ville, d'hôtel en auberge, du Gigantic, au Majestic, à l'Olympic, grands ou petits théâtres de music-hall à travers la France.

Colette a traversé le music-hall , elle l'a raconté et elle l'a quitté. Elle venait d'ailleurs, d'un autre monde, d'une autre classe sociale. Tout en épousant pendant huit ans les rêves, les peines et les joies de ceux qu'elle côtoyait, elle pouvait les décrire, les observer avec une douceur mélancolique , sachant qu'elle partirait sans doute, plus tôt ou plus tard, rejoindre "son" monde. N'empêche qu'elle s'y donna à fond sur les scènes, bravant les interdits, scandalisant les bien -pensants, ceux qui voyaient en elle "une femme de lettres qui a mal tourné". Elle fut l'une des premières femmes à montrer sa peau nue sur scène alors que jusque là, les danseuses et actrices  portaient des vêtements couleur chair lorsqu'elle voulaient signifier la nudité. A l'époque cela fit scandale et déchaîna le critiques. L'une de ses plus célèbres pantomimes, où l'on apercevait son sein nu, s'appelait justement "la Chair".

J'ai découvert dans ce texte une Colette âpre, grave, brûlante, désenchantée, drôle. Je me suis sentie proche d'elle en tant que femme et en tant qu'artiste. J'aime cette Colette qui "cumule" plusieurs métiers, femme de lettres, femme de théâtre, créatrice de produits de beauté, journaliste... J'aime la Colette qui signe : "Colette Willy, homme de lettres et danseuse"...

En 1912, à la veille de la guerre, la précarité des emplois, l'incertitude de l'avenir , le "chômage toujours possible", comme le dit l'un des personnages, sont les spectres qui apparaissent derrière la gaieté et l'insouciance des chansons, malgré la joie du
public qui remplit jusqu'au dernier strapontin des théâtres et des music-halls.

"L'Envers du music-hall" est beaucoup plus qu' un texte sur la vie des artistes en ce temps-là. Il ouvre les portes d'un monde plus vaste, il parle de nous tous, artistes  ou pas, aux prises que nous sommes  avec nos amours, nos angoisses, nos illusions, nos peurs et nos espoirs.

Haut de page

  • Notes sur l'adaptation et la mise en scène

"Mon choix a été de privilégier  les dialogues, les situations, les personnages et leurs rapports.

C'est la vie d'une troupe avec  Colette comme  fil conducteur.  Mais Colette est  ici une "meneuse" qui entre et sort de scène, qui se souvient, qui fait apparaître et disparaître les personnages au gré des souvenirs. Sa parole est reprise par l'un ou l'autre des personnages, selon les moments . sa présence  donne la nécessaire liberté pour passer du récit  au jeu, du passé au présent, du texte à la musique.

La mise en scène emprunte plutôt au cinéma  ses techniques. Elle  glisse, fluide, avec des fondus-enchaînés, des travellings, des gros plans, des plans d'ensemble, des champs, contre-champs. Un travail très pointu sur la lumière proposera une vision comme  à travers l'oeil  d' une caméra, aidé en cela par  une scénographie  dépouillée. Une loge qui glisse , elle s'éloigne, elle "dépose" le comédien  plus loin, nous sommes dans un autre espace. La mise en scène s'attachera à montrer  "l'envers" : les loges, les répétitions, les coulisses.
Ce qui est "vrai", le vrai spectacle, le théâtre, est de l'autre côté: on le devine, on le rêve.

Un  rideau   change le point de vue, laisse apercevoir un bout de scène, le cache; un autre s'ouvre ailleurs. La lumière délimite les espaces, les fait apparaître et disparaître, comme dans les rêves. Je privilégie une atmosphère onirique, loin du naturalisme et du réalisme.

L' "endroit" existera dans l'environnement sonore, tantôt réaliste, tantôt onirique, créé par la bande-son. La bande-son crée un autre espace: on peut voir autre chose que ce que l'on entend, exactement comme au cinéma. Cela permet l'existence de plusieurs plans: par exemple on assiste aux répétitions d'un numéro de mime, tandis que l'on  entend la chanteuse  sur scène et plus loin les bruits de la rue, le train  qui les emmène pour la tournée, des bribes de conversation.

Le ton du spectacle sera  un mélange de gravité et drôlerie. Je voudrais un spectacle léger et profond à la fois;  proche, émouvant, simple, qui fasse réfléchir à la vie, à nos vies,  et qui soit  de bout en bout une  source inépuisable de plaisir."

Susana Lastreto

Haut de page

Vous avez vu ce spectacle ? Quel est votre avis ?

Note

Excellent

Très bon

Bon

Pas mal

Peut mieux faire

Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire

Vous pouvez consulter notre politique de modération

Informations pratiques

Théâtre 14

20, avenue Marc Sangnier 75014 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Salle climatisée
  • Métro : Porte de Vanves à 451 m
  • Tram : Didot à 245 m
  • Bus : Porte Didot - Lycée Raspail à 48 m, Victor Hugo à 281 m, Porte de Vanves à 362 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Théâtre 14
20, avenue Marc Sangnier 75014 Paris
Spectacle terminé depuis le vendredi 30 août 2002

Pourraient aussi vous intéresser

Spectacle terminé depuis le vendredi 30 août 2002