Normal. C’est la couleur de la colère et du danger, mais aussi de la timidité et de la chaleur. Et de cet organe indispensable quoiqu’un peu encombrant qui s’appelle le coeur... Le coeur, dans leur monde, qu’il soit primesautier, enmorceaux ou au bord des lèvres, que ses pulsations soient inaudibles ou qu’il fasse exploser le cerveau à force de battre est toujours présent.
Leur universest faitde “pétagesdeplombs”,
de tragi-comédies sociales, d’échappées
poétiques, d’histoires d’amour qui commencent
bien et finissent mal, quelquefois
l’inverse. Avec eux, la bêtise est au centre du show. Leurs
personnages sont de braves gens, des salauds, des psychopathes,
des doux dingues, des victimes, des bourreaux, des quidams, des belettes...
Chroniqueurs du quotidien, comédiens nés, impeccables chanteurs, musiciens, ils renouvellent le genre en y insufflant une créativité et une liberté qu’on ne voyait plus depuis longtemps. Voir les Wriggles sur scène, c’est avoir l’impression d’assister à plusieurs spectacles en même temps : un concert, une performance vocale, un ballet, une pièce de théâtre, un festival de poésie. Ils parviennentà nous faire rire de tout, sans jamais se prendre au sérieux. Ils affûtent nos neurones pour nous laisser repartir le coeur léger. Une rare intelligence qui sort du lot. Un excellent exutoire, décapant, féroce et jubilatoire.
La rencontre de Christophe Gendreau, Stéphane Gourdon, Frédéric Volovitch, Antoine Réjasse et Franck Zerbib, toujours habillés en rouge sur scène, s'est produite en 1994 sur les bancs de la rue Blanche. Au début, ils ont commencé par écrire ensemble des chansons pour plaisanter, et comme aucun d'entre eux ne voulait se lancer dans une carrière solo ils décidèrent de se lancer ensemble. Leurs habits rouges étaient à la base des pyjamas qu'ils s'étaient tous achetés...
Ils donnent leur première représentation en 1995 et un an plus tard ils se font remarquer par un dénicheur de talents, Richard Kalfa, qui les invite dans une petite salle parisienne. Au départ ils n'y croient pas trop et ne pensent surtout pas faire carrière. Il se trompent. La preuve : plus de 500 dates au compteur, 3 spectacles, 5 albums, 2DVD, des Cigales par paquet de douze, le Trianon, le Bataclan, unOlympia, et pour fêter leurs dix ans de collaboration, un Zénith de Paris complet en avril 2005.
Cela fait donc déjà 13 ans que les Wriggles sèment leurs chansons impertinentes aux quatre coins de l'hexagone. Club des cinq infernal jusqu'en août 2006 et trio survitaminé depuis. Christophe, Stéphane et Frédo continuent l’aventure, Franck et Antoine sont passés à autre chose. Tout laisse à penser que rien n’a changé puisque les salles sont toujours pleines longtemps à l’avance, le public est toujours debout à la fin et leurs costumes sont encore rouges.
Leurs chansons prennent la forme de sketches, elles sont drôles, violentes, mélancoliques, engagées, joyeuses, absurdes et, parfois tout ça en même temps. C’est un groupe sans leader, un corps en perpétuel mouvement surmonté de trois têtes qui bouillonnent. Il y a derrière tout ça de multiples talents : un travail d'écriture, des refrains bien choisis, des airs entraînants et un sens du spectacle qui passe par des sketches et des chorégraphies réglés aumillimètre. Les yeux braqués sur l’actualité, à l’affût de l’air des temps qui changent, les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, ils sont toujours modernes mais jamais branchés.
Fonctionnant à la manière d'un collectif qui s'autorise des escapades en solitaire (chanson, roman, cirque, théâtre ou cinéma) les Wriggles se présentent sur scène tout de rouge vêtus avec quelques guitares sèches en guise d'orchestre ! LesWriggles prennent une parole citoyenne et solidaire qui n'a pas grand chose à voir avec la compétition ou l'individualisme dont ils vont se moquer (au mieux) ou qu'ils vont fustiger (au pire). La démarche pourrait sembler utopiste, mais en réalité elle s’assimileà une contestation salutaire, une façon de résister avec le sourire et tant mieux si tout est compliqué. S’il est exact de parler de spectacle déjanté, il serait en revanche restrictif de les comparer à qui que ce soit d’autre.
120, bd Rochechouart 75018 Paris