Les chiens vivent avec leurs dieux

Paris 19e
du 4 au 29 janvier 2000

Les chiens vivent avec leurs dieux

CLASSIQUE Terminé

Un cabanon obscur. Dehors, nuit d’orage. La porte s’ouvre. Un couple entre, ruisselant. Ils viennent là pour un week-end. " ELLE " aime ça, la campagne. " LUI " se sacrifie.

NOTE DE L’AUTEUR

COMEDIE !
Toute comédie naît d’une observation amusée du réel. Le réel des " Chiens " est celui du couple, cette grande marmite dans laquelle mijotent les mythes, les illusions, la chair, la tendresse, le désespoir, la colère, les larmes, les rires, les secrets, tout un bouillon dont chacun se nourrit.
" LUI " est un certain style d’homme : Le style " pharaon " qui se mure peu à peu dans le tombeau de sa vie intérieure. Il réapparaît les jours de fête. La plupart du temps, il laisse sa momie dans un fauteuil. Jolie momie, bien sûr, sinon on la balancerait. Mais il a tant d’humour … Quoi qu’il touche de sa langue, il le transforme en rire. Qu’il est difficile, avec lui, de garder son sérieux. De parler sérieusement. C’est une anguille qui file loin.
" ELLE ", c’est la bavarde, l’initiatrice. " J’ai à te parler " est une phrase typiquement féminine. (Les femmes vivent plus longtemps que les hommes parce qu’elles parlent, ce qui les libère de problèmes qui rongent leurs compagnons muets. Le cancer de la prostate n’est rien d’autre qu’une accumulation matérialisée de silences.)
Et ce soir-là, " ELLE " entre en guerre contre un adversaire fuyant … ce qui permet aux témoins-spectateurs de nombreux dérapages vers la bonne humeur.

L’HISTOIRE

Un cabanon obscur. Dehors, nuit d’orage. La porte s’ouvre. Un couple entre, ruisselant. Ils viennent là pour un week-end. " ELLE " aime ça, la campagne. " LUI " se sacrifie. Il manque un match à la télé. Mais il faut bien être gentil. C’est son tour. Drôle de tour. Il va s’en souvenir. Il faut toujours se méfier des petites douces qui tout à coup vous isolent dans la nature. " ELLE ", fille moderne, à l’aise, des amis, des sorties, un métier … et " LUI " qui résiste ! C’est agaçant un homme qui ne veut pas faire les quatre volontés d’une femme. Ce qu’elle veut, elle le dit : plus d’attention, plus d’amour, un enfant. Rien que de très ordinaire. On la sent programmée par la Grande Nature. " LUI " a son monde. Il lui suffit. Il atterrit de temps en temps … et s’envole aussitôt.
Qui est le méchant ? Ni " ELLE ", ni " LUI ". Impossible de prendre parti. Tous deux sont vrais, drôles, heureux et malheureux. Monstrueux aussi chacun leur tour. Arrêt sur image. " ELLE " et " LUI " : humains … On sait ce que cela veut dire : Piégés …

 

NOTES DE MISE EN SCENE

" Les chiens vivent avec leurs dieux "… Une comédie ? Oui, bien sûr ! Les moments drôles ne manquent pas du début à la fin. Pourtant derrière cette humeur, ces couleurs, se cache un drame. Celui de deux êtres qui s’aiment mais ne se connaissent pas, ou croient se connaître, mais ne se comprennent pas. Cette pièce est riche de renversements de situations. Pour les acteurs, elle leur permet une multitude d’actions et de réactions extérieures et intérieures, passant d’une émotion à une autre. Un texte contemporain demande un jeu vif, rythmé, varié, naturel, posé par moment, prononcé à d’autres, sans oublier l’apport dramatique. Il y a une forme comique, un ton plutôt ironique, voire sarcastique, saupoudré de sérieux. Tous ces ingrédients permettent à la pièce de respirer. Comme un cheval au galop qui s’arrête de temps en temps pour voir où il en est, où il est, et repartirait au trot. Les lumières donneront à l’ensemble de la pièce, par les quelques " noirs ", la position du temps qui s’écoule (une nuit). Les halos de lumière, blancs ou colorés, soutiendront une émotion ou un moment bien précis du texte, qui nécessite une attention particulière. Les bruitages – recréer une atmosphère à un moment choisi est capital (nuit d’orage). Le tonnerre, la pluie, bruits de portières, de voitures, voix-off … participent pleinement à tenir le spectateur et son imagination en éveil (conscient ou inconscient), afin qu’il ait l’impression, même au chaud à l’intérieur du théâtre, que dehors il pleut et que l’orage gronde. " On est mieux à l’intérieur ". La musique – une toute petite plage est prévue. Juste pour que le sens de l’ouïe transmette et touche la sensibilité du spectateur, du moins la stimule.
Une scène pas très grande ne peut être encombrée inutilement. Trop chargée, elle détourne l’attention du spectateur en parasitant le jeu de l’acteur. Evoluer avec aisance et naturel. Donc un décor simple, plutôt en bois. Une table, une chaise, un fauteuil, des bûches, quelques livres, tissus et accessoires. Un théâtre, par le temps et ses matériaux, possède une odeur, une chaleur. Qu’il soit de pierre, de bois, récent, ancien, des odeurs naturelles ou artificielles donneront à l’atmosphère ce petit goût familier. L’histoire, le texte, les personnages, le décor, le bruit, les lumières, les odeurs, le public… cet ensemble indissociable est le théâtre (du moins, je le crois).

Stéphane ELIAS
Metteur en scène

Un homme, une femme, et des malentendus. Une nuit pluvieuse à la campagne où le silence se remplit par le son des illusions qui se brisent. Des moments de vérité, du "mal-être", mais aussi des rires de reconnaissance car leur histoire, celle d’un couple en transmutation, c’est aussi le notre. Ils doivent se déchirer pour s’aimer et s’aimer pour pouvoir se déchirer. Le tout raconté avec humour et tendresse, d’un oeil expérimenté sur la vie et un coup de plume qui perce jusqu’au coeur de la communication entre homme et femme. A la fois cruelle et poignante, l’histoire de cette aventure périlleuse nous conduit par une véritable catharsis où les vides se remplissent et les abcès se percent pour nous convaincre finalement que même sans nos illusions l’amour vaut la peine d’être vécu.

Tama CARROLL
Collaboration artistique

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Bouffon Théâtre
26-28, rue de Meaux 75019 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 29 janvier 2000

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