Les coquelicots des tranchées

Molière 2015 du Théâtre Public

Ce spectacle a reçu le label « Centenaire » délivré par la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale.

• Fresque familiale

Fresque de la guerre de 1914-1918 où toutes les familles de France donnèrent un fils à la Patrie ! Voilà pourquoi près d’un siècle plus tard, nous, descendants de ces enfants morts pour la France, avons souhaité raviver la mémoire d’un passé oublié ou méconnu par la représentation théâtrale. Notre attention s’est portée sur les conséquences de cette guerre où la vie paisible de millions d’hommes, de femmes et d’enfants fut brutalement dévastée par une tornade guerrière sans précédent dans l’histoire.

Avec l’aide à l’écriture de l’association Beaumarchais-SACD, co-production Compagnie les Larrons, Atelier Théâtre de la Cité - Théâtre de Saint Maur, ACTIF, Atelier Théâtre Actuel.

• Note d'intention

Les Coquelicots des Tranchées est la fresque d’une guerre, celle de 1914-1918, où, durant quatre années de combats ininterrompus, toutes les familles de France donnèrent un fils à la patrie. De génération en génération, ce sacrifice s’est inscrit dans notre patrimoine génétique. Voilà pourquoi près d’un siècle plus tard, nous, descendants de ces enfants morts pour la France, avons souhaité concrétiser un désir commun, raviver la mémoire d’un passé oublié ou méconnu, par la représentation théâtrale.

Nous ne prétendons pas faire œuvre d’historiens, bien que nous appuyant sur des documents concrets et des faits réels. Notre attention s’est portée sur les conséquences d’une tuerie où la vie paisible de millions d’hommes, de femmes et d’enfants fut brutalement emportée par la tornade d’une collectivité guerrière sans précédent dans l’Histoire.

Les acteurs de cette tragédie s’entrecroisent, ignorant que chacun de leurs actes et de leurs sentiments entraîne une réaction en chaîne. Tous sont impliqués dans la tragédie et leurs destins mêlés participent aujourd’hui à la croisée des chemins qui sillonnent l’Histoire. Les généraux décident des batailles, les soldats la font et les femmes subissent l’épreuve avec stoïcisme. Comment survivre à quatre ans, trois mois et onze jours de carnage, sans que des changements interviennent sur les mentalités et les traditions ? Sans juger ni absoudre les comportements de cet échantillon d’humanité, Les Coquelicots des tranchées, épopée des temps modernes, est un sujet fort, digne d’intérêt et plus que jamais d’actualité.

Le rôle du théâtre est de constater et d’éclairer des moments historiques, pour redonner vie à ceux dont le rôle fut déterminant dans la sauvegarde de notre Liberté. Par le théâtre, nous croyons à la possibilité de raviver les mémoires des spectateurs.

Nous avons donc imaginé une histoire qui associe le plaisir du divertissement tout en ouvrant l’âme et l’esprit. Ils seront 12 comédiens à interpréter tous les rôles, capables de toutes les prouesses pour vous captiver, vous faire rire, vous émouvoir. La scénographie, les lumières et les costumes seront au service de leur jeu pour fluidifier le récit, singulariser le suspens et transcender la réincarnation. Cette pièce, exempte d’unité de lieu, de temps et d’action, est une gageure à la mise en scène et au jeu. Tous ces éléments feront que ce spectacle sera « spectaculaire » ! C’est le rôle du théâtre de relever ce défi.

G.-M. Jolidon – X. Lemaire

• Interview de Xavier Lemaire

Pouvez-vous nous raconter la genèse des coquelicots des tranchées ?
XL : Depuis ma plus tendre enfance je suis traversé par la guerre de 14. En effet un de mes grands pères avait deux salles entières de sa maison consacré à cette guerre, une de mes grands-mères me racontait souvent l’histoire de son père ayant fui la Loraine et qui a été nettoyeur de tranchées durant la grande guerre, et puis personnellement j’ai une grande passion pour l’histoire. Aussi, par le théâtre je veux témoigner de cet héritage. En 2004 j’avais fait un spectacle sur la guerre 39-45 La soupe aux orties de Roger Défossez, racontant l’histoire d’un stalag, et pour 2014 et le centenaire de la grande guerre Les coquelicots des tranchées. J’ai donc rencontré Georges Marie Jolidon, auteure, et nous avons élaboré cette histoire avec l’idée de raconté l’ensemble de la guerre sans contrainte de lieu, d’unité et d’action, et avec le souci que ce ne soit pas qu’une histoire de « soldats » car les femmes aussi ont fait la guerre !

12 acteurs, une quarantaine de costumes, une vingtaine de changements de décor, comment avez-vous appréhendez la mise en scène de cette fresque si dense ?
XL : J’ai voulu que l’on soit au cœur de l’histoire que l’on raconte, j’ai voulu que la « métamorphose » des lieux soit spectaculaire et dynamique, un peu comme un film et enfin j’ai tenu à ce que tout cela se fasse par les acteurs. Pas de vidéo, pas d’artifices si ce n’est que le charisme des comédiens et des situations. Une scénographie simple et dense : trois poteaux rappelant le Golgotha, un cyclo dévasté par la boue, et des changements faits par les acteurs à l’image du fourmillement qu’il y avait sur la voie sacré pour acheminer sur le front des tonnes et des tonnes de marchandises et de munitions... Pour le jeu, nous avons beaucoup travaillé sur les émotions et leurs rebonds dans la vie de ces personnages, nous avons insisté sur la dynamique de l’urgence de vie dans un temps où la mort règne, nous nous sommes également imprégné de la mémoire de cette époque afin d’être au plus vrai du récit.

Un travail de longue haleine ?
XL : Oui, 2 ans pour l’écriture, 1 an de préparation avec des lectures publiques, de nombreuses visites sur les lieux de mémoire (Péronne, Verdun, Vauquois, Ypres, Craonne...), de longues préparations techniques avec les créateurs (décor, costume, lumière, accessoires, musique, régie scène et plateau...), un travail physique de la troupe avec un préparateur spécialiste en combats et marches militaires, et 7 semaines de répétitions fractionnées en 2 périodes.

Quel message voulez vous transmettre avec « les coquelicots » ?
XL : 100 ans après nous avons voulu un message humaniste, qui ne se prive pas de relater les souffrances de nos aïeux et offre un éclairage aux jeunes générations différent mais complémentaire des livres d’histoire. Théâtralement nous voulons lancer un message de culot pour dire et montrer que qu’il est possible de faire des pièces avec 12 acteurs de générations différentes, 4 techniciens et un spectacle ambitieux pour ceux qui y participe et pour le public. C’est un travail d’équipe où créateurs, producteurs, directeurs de théâtre et acteurs avancent ensemble ! Un défi à la morosité ambiante et « l’aquabonisme » régnant !