Les Disparus, est une création chorégraphique qui donne à voir les évènements d’octobre 1961, sous une forme originale, dansée, et vivante. Le ton est franc, la forme est donnée « résolument hip hop, mais qui n’a pas peur d’aller chercher plus loin », selon les mots du chorégraphe Mehdi Slimani. Le ballet commence en plein mois d’octobre 61. Univers d’usine et de machine, la gestuelle robotique et mécanique met en mouvement ces corps éprouvés de leur dur labeur. La présence de l’autorité jamais bien loin rôde et inquiète, par son rire calme et froid. Et en perspective, ces personnages, tels des tragédies de trajectoire, se croisent, et provoquent le destin, à la façon de notes de musique qui forment ensemble une tragique partition.
Interprétée par huit danseurs, la chorégraphie prend des airs de « manifestation dansée ». Mouvement collectif venu exprimer cette France d’autrefois et d’ailleurs, mêlée d’inquiétudes et d’espoirs, les ensembles se font et se défont, au rythme de mouvement qui les brisent et les recomposent. Couvre feu, mobilisation, les pas de danse s’enchainent et évoquent ces pages sombres de l’Histoire. Les corps, eux, se contractent et se tendent, se rassemblent et se révoltent.
Associant danse, slam, et vidéo, le spectacle s’applique à faire revivre l’espace d’un instant l’histoire de ces oubliés de la Seine. La légèreté de la danse soulève le poids du passé. Les tableaux défilent et le spectateur parvient jusqu’à une époque incertaine, reflet de son temps, où l’Oubli est en passe de prendre le pas sur la Mémoire. La réactiver...
Loin des partis pris ou positions revanchardes, c’est plein de fraîcheur, d’humour et d’émotion que le chorégraphe se lance dans ce travail de mémoire et aborde par son esthétique la nécessité de se souvenir. Par sa recherche chorégraphique, il crée le premier et unique ballet sur les sombres évènements du 17 octobre 1961.
2 bis, Passage La Ruelle 75018 Paris