Les Lettres de mon moulin demeurent pour moi un souvenir d'enfance. Très souvent, la voix chaude et ensoleillée de Fernandel sortait de mon tout nouveau tourne-disque et m'emportait à l'ombre d'un olivier d'où je regardais tourner les ailes du moulin de Fontvieille. Quand j'eus sept ans, mon père, qui faisait partie du Félibrige*, me fit découvrir la Provence. Je me souviens de cette colline que je gravissais en courant, me faisant égratigner les chevilles par les herbes sèches de thym et de romarin. J'étais excité dans ma course car mon père m'avait dit : "Aujourd'hui, on va chez Daudet !"
Au détour d'un buisson, j'aperçus ce moulin qui n'était pas encore envahi par une horde de touristes. Je croyais rencontrer Alphonse Daudet, mais mon père m'apprit alors que cet homme avait vécu dans ce moulin au siècle dernier. J'avançais prudemment vers la petite porte qui m'invitait à rentrer. Le hibou empaillé dans la petite pièce me fit un grand effet. Je m'imaginais alors Alphonse Daudet à sa table d'écriture, par une nuit sans lune, avec le "hou-hou" de cet animal dans le dos. Je voyais vaciller la flamme de la bougie et les ombres qui se dessinaient sur les murs blancs de chaux me donnaient le frisson…
Aujourd'hui, j'ai la joie de pouvoir faire vivre mes souvenirs d'enfance, de mettre en scène la lumière, les couleurs, les sons et les odeurs de ce petit coin de Provence, situé en plein cœur des Alpilles.
P. Laur
Déroulé du spectacle : l'acte de vente, le secret de maître Cornille, les étoiles, la chèvre de M. Seguin, l'élixir du Révérend Père Gaucher, le curé de Cucugnan, les trois messes basses, le sous-préfet aux champs, final en musique.
"Un rajeunissement des textes de Daudet. Cette version s’attache à l’évocation par les couleurs, les odeurs (la lavande flotte dans l’air), le chant des cigales et le souffle du mistral. On retrouve avec plaisir tous les grands textes de l’auteur." Télérama
38, boulevard de Bonne Nouvelle 75010 Paris