Témoignages de femmes
Entre persécutions et bonheur d'être une femme
Pour en finir avec les tabous
Une pièce engagée
Les mots de l'auteur
V-Day
La presse américaine
Les Monologues du Vagin est un texte fondé sur plus de deux cents entretiens avec des femmes : jeunes, âgées, mères de famille, dactylos, PDG, prostituées, noires, hispaniques, asiatiques, bosniaques, indiennes, juives, blanches…
Ces femmes ont confié à Eve Ensler leurs sensations, leurs traumatismes, leurs aspirations, leurs angoisses, leurs joies, parfois les plus intimes : de l'apprentissage de la sexualité à la maternité, du machisme ambiant à la nouvelle liberté amoureuse...
En alternance Sophie Duez et Christine Boisson
Je dis “vagin” parce que je veux que cessent les mauvais traitements à l'égard des femmes et je sais qu'ils ne cesseront pas tant que nous ne reconnaîtrons pas le fait qu'ils continuent.
Alors, j'ai décidé de faire parler des femmes. ( ...) Au début, ces femmes étaient un peu timides. Elles avaient du mal à parler. Mais une fois lancées, on ne pouvait plus les arrêter…
Dans chacune de ces histoires, on retrouve cette capacité à dire l'indicible : dire, d'une part, la violence infligée au corps féminin, qu'elle prenne la forme du viol, de violences sexuelles contre les petites filles, de la persécution des lesbiennes, du harcèlement sexuel, des mutilations sexuelles, et encore et toujours du viol…
Dire, d'autre part, le bonheur d'être femme, la joie d'être amante, la fierté d'être mère. Oser l'épanouissement qu'il soit physique ou intellectuel. Oser se connaître, se reconnaître en tant que corps, en temps qu'être sensuel, sensible, sentant... sans tabou et sans gêne.
Eve Ensler
« Dans le Nord, on dit le petit coin, le poudrier, au Sud, la foufoune, le mistigri. Ici, le zizi, le pioupiou, la languette, là, le kiki, le zigouigoui. ... J'ai aussi trouvé la crapounette, la bibiche, la craquounette, la boîte à malice, le tutu, le turlututu, la bécassine, le pipi, le frifri, le bijou, le bonbon, la nénette, la minette, la foufounette, la minouchette, la chatounette, la coucounette, la chounette. Ici on dira le mimi, ailleurs la bébête. Vous voyez, je me suis beaucoup inquiétée à cause des vagins. »
30 ans après la Révolution sexuelle, le mot “vagin” reste un mot tabou, honteux, ou tout au moins “embarrassant”. Dans son spectacle, Eve Ensler le cite 128 fois, sans innocence.
« Vagin. Voilà, je l'ai dit. Je le redis : vagin. Cela fait trois ans que je le dis et le redis. Je le dis dans les théâtres, les universités, les salons, les cafés. Je le dis à la télé quand on me laisse faire. Je le dis cent vingt-huit fois tous les soirs quand je donne mon spectacle. Je le dis parce que je crois que ce qu'on ne dit pas devient un secret, et dans les secrets, souvent, s'enracinent la honte, la peur et les mythes. Je le dis parce que je veux, un jour, arriver à le dire sans gêne, sans honte et sans culpabilité. VAGIN. »
Créés en 96 à New York puis en 99 à Londres au bénéfice d'une association baptisée V-Day (V = Vagin = Victoire) dont l'objectif est de mettre un terme aux violences à l'égard des femmes, Les Monologues du Vagin démarrent actuellement une carrière mondiale (Berlin, Stockholm, Jérusalem, Johannesbourg,...).
Outre de nombreuses représentations données aux Etats-Unis par Eve Ensler elle-même, depuis 98 le spectacle est proposé chaque année à New York en soirée de gala au bénéfice du V-Day, le 14 février, jour de la St Valentin (Valentine's Day) et est interprété pour la circonstance par une pléiade d'actrices de renom. Ainsi Glenn Close, Cate Blanchett, Winona Ryder, Susan Sarandon, Whoopi Goldberg, Marisa Tomei, Rosie Perez, Kate Winslett, Melanie Griffith, Alanis Morisette, etc. ont chacune à tour de rôle dit une partie de ces monologues puissants, émouvants, courageux, drôles, mais toujours profondément humains.
Quand de plus en plus de femmes diront le mot, le dire ne sera plus un problème. Ça deviendra un mot de notre vocabulaire, un élément de notre vie. Nos vagins seront alors, intégrés, respectés et sacrés. La honte disparaîtra et la violence s'arrêtera, parce que les vagins seront admis et réels et qu'ils seront liés à un, discours féminin plein de puissance et de sagesse.
Vous êtes inquiets, hein ? Moi, j'étais inquiète. C'est pour ça que j'ai commencé à écrire cette pièce. J'étais inquiète à cause des vagins. J'étais inquiète à cause de ce `qu'on en pense, et peut-être même encore plus inquiète à cause de ce qu'on n'en pense pas. J'étais inquiète à cause de mon propre vagin. Il y a tellement d'ombre et de mystère autour d'eux - un peu comme le Triangle des Bermudes. Personne n'en revient jamais pour vous en parler.
Je dis le mot "vagin" parce que je veux que les gens me répondent et ils le font. D'une façon ou d'une autre. Ils ont tout fait pour interdire le mot dans la communication : dans la pub des grands quotidiens, sur les affiches, sur les tickets vendus, sur les répondeurs où une voix disait seulement Les Monologues ou Les Monologues du V.
Et je dis : "Pourquoi ? "Vagin" n'est pas un mot pornographique. C'est,
en fait, un terme médical qui désigne une partie du corps, comme "coude",
"main'' ou "côte". " "Ce n'est peut-être pas
pornographique," me répond-on, "mais c'est sale. Si nos petites filles
l'entendent, qu'allons-nous leur dire "
"Vous pouvez peut-être leur dire qu'elles ont un vagin. Si elles ne le savent pas
déjà. Et aller fêter ça tous ensemble. "
Nous avons un très long voyage devant nous. Et ceci, c'est le commencement du voyage...
Eve Ensler
Le V-DAY est né du combat d'Eve Ensler pour le respect de la femme, la fin des violences et des abus sexuels. Voici un bref historique de ce mouvement dans une interview donnée par Eve Ensler au dramaturge Gary Sunshine.
GS : Eve, je vous revois assise sur votre chaise, sur la scène du HERE [un théâtre au centre de New York (Ndlr)], interprétant Les Monologues du Vagin. Puis, je pense au V-DAY, cette formidable initiative, cette gigantesque mission. Comment le V-DAY a-t-il pu naître de quelque chose d'aussi isolé et intime que Les Monologues du Vagin ?
EE : J'ai parcouru le monde pendant trois ans avec Les Monologues du Vagin. Après le spectacle, de plus en plus de femmes venaient me voir pour me parler des violences qu'elles subissaient ou avaient subies dans leur vie. J'ai découvert la violence au quotidien comme on découvre l'existence d'un virus, d'une épidémie.
GS : Pourquoi parlez-vous de découverte ? La conscience des abus sexuels et des violences de toutes sortes ont pourtant fait partie de votre travail pendant des années...
EE : Bien sûr et de ma propre histoire également. Mais c'est en jouant Les Monologues du Vagin ici aux Etats-Unis que j'ai pu réaliser vraiment la profondeur et la perversion de cette violence. De Los Angeles à Houston et Pittsburgh en passant par le Connecticut et Portland, où que j'aille, sans exception, je n'ai fait qu'entendre horreur après horreur. J'ai alors compris que la violence à l'égard des femmes était silencieusement en train d'infiltrer les rouages de la société américaine. De plus en plus, on perçoit cette violence comme un fait divers comme tant d'autres, on la banalise. C'est une terrible réalité.
Une nuit du printemps dernier, en Oklahoma j'étais dans les coulisses avant le spectacle et j'ai eu une vision. Il ne devait pas rester plus de trois minutes avant le début du show et la rage montait en moi : je devais trouver une solution. Je me souviens avoir pensé : « Ne serait-ce pas merveilleux si nous pouvions simplement arrêter ça et, tous ensemble, réclamer la fin de la violence ? Reconsidérer ce problème à son juste degré de gravité ? »
Alors j'ai pensé que nous avions besoin de nous approprier un jour - un jour pour
célébrer les femmes et mettre un terme à toute violence à leur égard. Un jour pour
qu'enfin le monde considère les femmes dans toute leur complexité : créatives, sexy,
fortes, puissantes… toutes ces merveilleuses facettes de l'humanité que détruit peu
à peu la violence ! Un jour où l'on réunirait en porte-parole les femmes les plus
talentueuses du monde entier : actrices, journalistes, musiciennes, réalisatrices… ça
a été un déclic, je pouvais déjà entendre leur voix et voir leur visage.
J'ai mis tout ça de côté jusqu'à la fin de mon spectacle mais cette nuit là, des
noms me tournaient en tête : V-Day, Vagina-Day, Victory-Day…
Le lendemain matin, j'appelais mon amie et productrice Willa Shalit. A la fin de la
conversation - qui avait dû durer plusieurs heures - nous sommes arrivées à l'idée
d'initier une campagne mondiale en organisant, le jour de Saint Valentin, une
représentation des Monologues du Vagin au profit des différentes
organisations qui combattent les violences à l'égard des femmes.
GS : Comment cela a t-il fonctionné ? N'avez-vous eu qu'à créer l'opportunité puis à y croire très fort ?
EE : C'est fou tout ce qu'on peut faire quand on est convaincue qu'on n'a pas d'autre choix. C'est la même chose pour tout ceux qui se sont impliqués dans le V-DAY : nous n'avons pas d'autre alternative qu'une action forte, puissante et visible. Cette mission a généré des moments inoubliables. De jour en jour, nous avons vu de plus en plus de femmes célèbres accepter de participer à l'événement. Aujourd'hui, le mouvement a évolué et l'affluence de ces artistes alliant talent expérience et incroyable générosité, nous permet d'envisager avec un espoir immense l'avenir du V-DAY et des femmes du monde entier.
« Les Monologues du Vagin c'est avant tout une phénoménale parole de vérité » New York Times
« Merveilleux, l'un des meilleurs spectacles de New York » Daily News
« Un travail artistique qui fait faire un bond en avant à l'histoire de notre culture ! » Variety
15, rue Blanche 75009 Paris