Les noces de perle

Ça y est, nous sommes enfin en l’an 2000 ! Cette année tant attendue dont on nous rabat les oreilles depuis la maternelle. Qui n’a pas expérimenté les joies du calcul en cherchant l’âge qu’il aurait en cette fameuse année ? Et chacun à travers les délires les plus fous s’imaginait un monde où les machines remplaceraient totalement les hommes. Qu’en est-il aujourd’hui ? Vous sortez de chez vous ? Pas de martien ! Pour vous rendre sur votre lieu travail ? Pas de soucoupe volante, pas de téléportation ! Et pour nous reproduire, même si les bébés éprouvettes existent depuis vingt ans, il ne reste encore que cette bonne vieille méthode : l’amour.

Principale préoccupation des adultes d’aujourd’hui, qui à trente ans se cherchent encore. Voici donc sept spécimens de cette nouvelle race d’adolescents attardés, qui mènent des études plus longues par désœuvrement, se font prier pour quitter le nid parental, et ne s’engagent affectivement qu’avec le couteau sous la gorge. Leur QG ? Un appartement où tout se passe. Mensonges, querelles, lâchetés, jalousie... Mais un événement spécial va bouleverser cette mécanique trop bien huilée : deux d’entre eux se marient. Face à cette décision qui les déroute, chacun cherche à apporter son grain de sel : le couple englué dans sa routine, la jeune fille qui se perd dans des aventures sans lendemain, le pessimiste frustré qui jalouse la vie des autres, tout cela sous le regard amusé d’un artiste incompris... Et incompréhensible.

Le temps d’une comédie, ils vont s’aimer, se déchirer, se juger, s’entre-tuer. Malgré le progrès, les sentiments humains ne changent pas. Ils gardent leurs fraîcheurs et leur attendrissante hypocrisie. Et c’est pourquoi nous avons voulu les mettre en scène, ces sentiments, qui nous concernent tous, à travers des personnages que vous reconnaîtrez sûrement...

Les auteurs (David ROYER & Elisabeth R. OUM) en avaient assez d’être pris pour des jeunes trop sérieux. Il est vrai que quatre ans au cours Jean-Laurent Cochet passés à interpréter tous les grands personnages de la littérature française, puis deux pièces de Jean Cocteau comme expérience scénique, cela pousse les gens à vous cataloguer quelque peu. Ajoutez à cela une formation musicale, pour lui au conservatoire Rachmaninov et pour elle au conservatoire national de Toulouse, et cela vous achève le tableau.

Que faire alors lorsque l’on a envie de montrer que l’on sait jouer des personnages contemporains et montrer qu’une formation classique est loin d’être un handicap, mais au contraire un atout majeur ? Ecrire son propre texte. En se servant de leur expérience de comédien, ils ont mis leur sens des dialogues au service de personnages auxquels chacun d’entre nous peut s’identifier. C’est leur façon, en cette fin de millénaire de rendre hommage à leurs contemporains, en dépeignant leurs qualités et défauts humains. Dans ce monde que l’on dit sans communication, à l’ère du multimédia, de la fécondation in vitro, et des voyages touristiques vers l’espace. C’est une pièce, il est vrai quelque peu autobiographique. Un " Full-Monty théâtral " écrit par des comédiens et pour des comédiens, qui ont décidé de se servir de leur passion pour nous faire part de leurs craintes, de leurs buts, et de leurs rêves. Un simple prétexte de jeu...