A partir de 7 ans.
Il était une fois une reine terrible et dure qui, pour protéger ses secrets, avait fait interdire, dans tout son royaume, toute forme de question. Cette reine avait deux filles, élevées dans le respect absolu des règles appliquées à leur sexe et à leur rang. Mais les deux princesses aspirent secrètement à d’autres destinées : l’une veut aimer un jeune berger et danser, l’autre courir le vaste monde. L’arrivée de leur marraine, revenue d’un long exil, fée quelque peu déglinguée, viendra bouleverser l’ordre instauré, soulever le poids des secrets et leur ouvrir la voie difficile de la liberté.
Au palais, au détour des chambres, sous les jupes de la reine, derrière les lourdes tentures, se cachent et se murmurent secrets, désirs de fuite, souvenirs passés d’échappées sauvages… Une fée marraine cache un bout de sa queue de poisson sous son jupon. Une petite princesse rêve de bergers. Une autre de liberté. Une reine interroge son miroir et y cherche les traces d’un passé qu’elle voudrait effacer. Et au milieu de tout ce monde, parfois, résonne le chant somnambulique de celle dont le nom s’est perdu, et qui dort depuis la nuit des temps ou peut-être juste cent ans…
Les petites empêchées - histoires de princesses met en scène princesses et héroïnes de la littérature enfantine pour mieux interroger la construction de nos représentations sexuées et leur conditionnement dès l’enfance par le biais de récits traditionnels. En effet, il s’agit ici de revisiter allègrement les différentes destinées de princesses et héroïnes traditionnellement condamnées à… se marier et enfanter beaucoup, c’est-à-dire à remplir parfaitement les deux rôles dans lesquels toutes les sociétés traditionnelles ont enfermé et enferment encore les femmes : ceux d’épouses et de mères.
Depuis environ trois ans, la recherche artistique de Carole Thibaut ne cesse d’interroger la question du genre, de sa construction, l’identité féminine, la place des femmes (et donc celle des hommes !) dans nos sociétés.
« Le féminin est, je pense, avant tout le désir d’une société. Un désir social et une construction culturelle… qui commence très tôt, avant la maternelle, et qui se poursuit dans les imageries destinées aux petites filles : contes, princesses, poupées Barbie, pages roses des catalogues de jouets… Je vais tenter d’interroger ce désir là dans Les petites empêchées, à travers les représentations de l’idéal féminin dans l’univers enfantin, et notamment les princesses des contes de fée, et tenter de démêler peut-être ce qui appartient à une sorte de construction culturelle universelle, d’un véritable désir de construction d’identité, pour ainsi dire inné, qui serait, selon l’avis de certain/e/s, l’apanage du beau sexe, et ce, depuis sa plus tendre enfance. »
Carole Thibaut
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris