Présentation de Lettre au silence
Notes de Paco Dècina
au sujet de Lettre au silence
Présentation de Neti-Neti
Notes de Paco Dècina au sujet de Neti-Neti
Paco Decina par Irène Filiberti
La Presse
Spectacle joué dans le cadre des Iles de Danse 2001
Dans Lettre au silence (20 mn), Paco Decina relit à sa façon
les uvres dun plasticien italien, Raffaele Biolchini. Debout dans un rai de
lumière, le chorégraphe avance lentement. Ses bras dessinent des arcs, son corps devient
une courbe. Une suite de hiéroglyphes secrets en découle. Avec une gestuelle tenant de
la calligraphie, il créé une atmosphère mystérieuse, voire mystique.
Paco Decina relit à sa façon les uvres dun plasticien italien, Raffaele
Biolchini, des lettres qui se présentent sous la forme de tablettes de terre cuite où
lartiste a gravé des signes abstraits. Debout dans un rai de lumière, le
chorégraphe avance lentement. Comme sil parlait à linvisible, ses bras
dessinent des arcs, son corps devient une courbe où les gestes sétirent, enroulant
leurs motifs. Une suite de hiéroglyphes secrets en découlent. Dans le texte muet de
cette écriture composée de traces où se mêlent mémoire et imaginaire, Paco Decina
entretient un mystérieux dialogue avec le monde sensible.
Lettre au Silence est né du besoin dapprofondir lexpérience du solo
commencée avec Infini, hommage à Christian Ferry-Tschaeglé et de lenvie
douvrir un autre espace dexpression, parallèle à celui du chorégraphe, plus
intime, plus silencieux, où labsence de la parole fait sapprocher de plus en
plus de la danse.
Linvitation de la chorégraphe américaine Teri Jeannette Weikel de participer, avec un solo, à son projet pour le Festival de pavullo nel Frignano ma donc tout de suite captivé. Le projet de Teri, intitulé Calligrafia, calcolo, tracce, e piccole danze, est une recherche et une interprétation chorégraphiques dune collection doeuvres plastiques de Raffaele Biolchini, sculpteur italien de Pavullo, et mort en 1994. Cette collection se constitue de plusieurs lettres (Lettere a...) ou tablettes de terre cuite, sur lesquelles lartiste a gravé les signes dune écriture abstraite, imaginaire ou secrète. Cette écriture hermétique, silencieuse, nous interroge en même temps quelle échappe à toute logique du déchiffrement. Elle ouvre lespace dun signifiant intuitif, quaucune parole ne pourra relever, et qui nous regarde comme sil avait toujours été là, précédant toute possibilité de signification. Cest un texte muet, fait de signes de matières, dincisions dombres et de lumières, comme linvitation à un parcours mystérieux dans la clarté astrale de la mer de la tranquilité...
Spectacle joué dans le cadre des Iles de Danse 2001
Dans Neti-Neti (40mn), titre emprunté à un dialecte de
lInde, les deux interprètes se livrent avec talent au périlleux exercice dun
mouvement lent et continu, qui sans cesse se déplie, se délie, multipliant les courbes
et les entrelacs. Ce chant des corps vers le silence se déroule sur fond noir nappé de
lumière.
Dorigine Napolitaine, Paco Decina enchaîne les créations depuis 15 ans. Affirmant
sa gestuelle, faite de poses, de postures, de figures, il sest peu à peu dirigé
vers labstraction. Avec une danse charnelle et fluide, le chorégraphe atteint une
simplicité qui tient de lépure. Une soirée en état de grâce.
Le titre Neti-Neti est emprunté à un dialecte de lInde. Le terme signifie « ni
ceci, ni cela ». la sagesse quil contient, liée au détachement, est inscrit au
cur du processus de travail et oriente lécriture de la pièce. Là, les deux
interprètes Valeria Apicella et Paolo Rudelli, se livrent avec talent au périlleux
exercice dun mouvement lent et continu, qui sans cesse se déplie, se délie,
multipliant les courbes et les entrelacs. Précieux sans esthétisme, résolument libre
dans la forme, ce chant des corps vers le silence se déroule sur fond noir nappé de
lumière.
Je suis à une étape de ma recherche où jai besoin de laisser séchapper toutes les paroles, les projets et les idées construites, pour inventer et projeter au corps un espace blanc. Un espace dédié à ce qui nest ni affectif ni psychologique, libre du désir et de la peur et à lécoute du mouvement. Tout mouvement est changement, et le changement dans un processus de croissance passe, à un moment ou à un autre, par une désolidarisation de la mémoire (la matière). Le mouvement dansé relève de la tension entre une énergie subtile qui a besoin de forme pour se constituer, et une organisation compacte qui cherche à sévaporer (la mémoire). La danse est donc le lieu de la forme qui cherche la liberté du sans-forme, cest un retour aux rivages. Cette fluence de la matière, cette liberté des articulations, cette tactilité au-delà de la peau, qui amènent le monde, sont les thèmes de ce duo.
Sil faut une certitude intérieure pour exister, il semble bien que Paco Dècina
ait placé la sienne dans la danse. Danseur de limmobile, comme on a pu dire
justement de lui, le chorégraphe réfléchit sa danse du côté du recueillement. Elle
est un travail du passage qui, étape après étape, demande à sextraire de la
rumeur du monde pour faire son nid dans le silence, sabandonner à lespace.
Affinant sa gestuelle - faite de poses, de postures, de figures - qui revisitait avec
autant daisance les mosaïques byzantines ou les peintres de la Renaissance
italienne, Paco Dècina sest peu à peu dirigé vers labstraction.
Les corps subtils qui intéressent le chorégraphe impriment désormais à son travail des
effets de vibrations, de transparence et composent avec une gestuelle qui tient de la
calligraphie. Depuis la méditation poétique sur la mort que certains ont pu voir au
Théâtre de la Ville dans Ciro Esposito fu Vincenzo, pièce créée en 1993, son travail
a subi plus dune transformation. « A la recherche dun espace neutre où se
dénouent les tensions, les oppositions, Paco Dècina réalise une architecture des corps
dont la qualité pacifie sacrément les curs. »
En solo comme en duo, Paco Dècina émerveille. La limpidité et lharmonie qui transcendent sa chorégraphie nont de cesse de charmer. Un merveilleux moment. Jacques Morlaud - Lécho de la Haute-Vienne Novembre 2000
Le corps, ce lieu de mémoire
« Néti Néti ((
) un duo, baignant dans une atmosphère musicale très originale,
portant à une rêverie sacrée. Lumières, sons, fluidité du mouvement contribuent à
l'évocation des éléments aériens et liquides. Les deux interprètes Valéria
Apicella et Paolo Rudelli donnent vie à une danse étonnamment dépourvue d'effets
spectaculaires, poussant jusqu'à l'ultime le dépouillement, pour une mise en avant du
corps sculptural magnifié par la lumière. » Par Philippe Verrièle -
L&A Théâtre N°3 / octobre-Novembre 2000
« A la recherche dun espace neutre où se dénouent les tensions, les oppositions, Paco Decina réalise une architecture des corps dont la qualité pacifie sacrement les curs. » Irène Filiberti.
22, rue Paul Vaillant-Couturier 92140 Clamart
Voiture : périphérique sortir Porte de Châtillon puis Départementale 306 suivre le fléchage Clamart et Centre Culturel Jean Arp.