Loïc Lantoine / Thomas Pitiot

le 25 avril 2006
2h30 entracte non compris

Loïc Lantoine / Thomas Pitiot

Deux concerts en une soirée ! Loïc Lantoine, c’est Loïc Lantoine et François Pierron, complices en poésie et mots qui se trimbalent, de quai de gare en coins de bar, musiciens de l’intérieur, notes qui perlent au bout des doigts, au bord des lèvres. En poète reporter sans frontières, Thomas Pitiot nous raconte sa terre à lui : La Terre à Toto. Il observe. Il croque et craque pour ses êtres aux fêlures involontaires : Les damnés de l’amer, les forçats de la vie.

Deux concerts en une soirée !

  • Loïc Lantoine

"- Mais alors vous faites quoi ?
- De la chanson pas chantée
- Ben, vous chantez pas alors ?
- Non
- Ben donc c’est pas d’la chanson ?
- Ben si, c’est d’la chanson pas chantée, t’es con ou quoi ?"

Drôle d’intro, qui dit beaucoup, intrigue assez... Voilà le premier album de Loïc Lantoine, Badaboum. Ecoutez-voir.

Un nom, un prénom, un duo, la trentaine fragile. Une voix, une contrebasse, intime alchimie. Loïc Lantoine, c’est Loïc Lantoine et François Pierron, complices en poésie et mots qui se trimbalent, de quai de gare en coins de bar, musiciens de l’intérieur, notes qui perlent au bout des doigts, au bord des lèvres. L’un chante, l’autre joue, ou peut-être est-ce l’inverse. Ils s’y sont mis sur le tard, qu’il racontent. Loïc au texte, François à l’instrument.

L’un du côté du Nord, La Chapelle d’Armentières, l’autre en Touraine, origine Montrésor, puis la région parisienne. Pour le premier, une « passion de la poésie qui vient de loin-», mais loin aussi de « la prétention du genre » ; pour le second, où la chanson fait partie de la famille, pas question de faire comme papa. Il aura fallu, sans doute, à Loïc un Allain Leprest pour entrer en écriture, à François un Christian Gentet pour sortir des rangs du conservatoire. Et puis la rencontre, tellement évidente au fond. Evidence d’une histoire à raconter ensemble.

Loïc : « Les premiers textes sont venus, je commençais à gueuler un peu dans les bistrots... Au premier contrat déclaré, j’ai appelé François. » Duo, comme les deux visages d’une même envie de partage. Quatre ans que ça dure. De scènes en scènes. Une chanson dans la tradition du verbe, et dans la liberté de l’impro. Chanson pas tout à fait comme les autres, le geste en plus, et une générosité sans esbrouffe. Pas question de virtuosité entre eux deux, mais un vrai sens du populaire - rassembler, même rien qu’un peu, dessiner un univers et le partager- du vrai, du sensible. « Après un spectacle, on a envie de rencontrer des sourires, pas des yeux grands commeça » dit François.

Quatre ans que ça dure et que tout avance et que tout va vite. De la scène au studio, voilà maintenant le pas franchi. Dans des conditions idéales pour les deux musiciens (trois semaines d’enregistrement -royal-, François Casaïs aux prises, Jean Lamoot au mixage), rien que de l’humain tout autour. Restait à oublier la chaleur et la théâtralité des planches pour donner une nouvelle vie aux morceaux studio. Avec des invités, entre guitares, percus et accordéon (Gil Barouk, Daniel Bravo, La Rue Kétanou, Jean Corti, Denis Charolles), « on a réinventé, on s’est redécouvert ». De la matière plein les pognes et la tête, des envies pleines de vie : résultat saisissant. Badaboum, et tellement de choses sont dites. Poésie décalée des cordes et du phrasé, Loïc Lantoine chante entre les lignes.

Ecoutez-voir.

  • Thomas Pitiot

En poète reporter sans frontières, Thomas Pitiot nous raconte sa terre à lui : La Terre à Toto. Il observe. Il croque et craque pour ses êtres aux fêlures involontaires : Les damnés de l’amer, les forçats de la vie. Il s’attendrit et nous attendrit Thomas. Mais attention, il ne s’exclut pas de ces gens qu’il regarde et soutient de toute la force de sa tendresse et de son combat pour la dignité ! Comme il a grandi et qu’il sait qu’il faut partager pour aider, alors il se confie.

Il nous offre des clichés non numérisés de ces trois années qu’il vient de vivre. Comme d’hab’ Thomas érige l’art du quotidien en art de vivre au quotidien. Toujours une rime dans la banlieue mais plus que jamais les pieds sur sa terre, et la nôtre forcément !

Au détour de ses mélodies, on retrouve des accents de son cercle de poètes disparus : Bobby Lapointe, Félix Leclerc, Claude Nougaro, Georges Brassens, Jacques Brel et François Béranger... T’inquiète ! Thomas sait d’où il vient. Il est leur enfant, il n’y a pas à en douter. Mais il sait aussi où il va. Il ne les oublie pas. Ni ses pères, ni ses pairs. Pareils pour les grands frères des cités HLM avant rénovation, les mistrals perdants de l’Éducation nationale, papa et maman, les estocades des contres-fêtes de l’inhumanité.

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Spectacle terminé depuis le mardi 25 avril 2006

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