MacBeth Pro. (ou Shakespeare désenchanté) revisite le classique de Shakespeare pour le transposer au monde de l’entreprise. La pièce invite à suivre le parcours d’un Macbeth devenu cadre supérieur pour l’occasion. Son initiation sera sa déchéance.
Dans une entreprise sur le déclin, une fusion avec un groupe associé menace les employés d’un éventuel chômage technique et les contraint à une concurrence interne. Là-dessus, le PDG pistonne un fils sans expérience à la direction. Toutes les conditions d’un embrasement sont réunies. L’épouse de MacBeth soufflera sur les braises d’aspirations sinistrées. Le couple plonge dans le crime avec zèle et une certaine grâce.
Manigances, éclats et échecs s’enchaînent tandis que le petit personnel s’évertue à sauvegarder le peu d’allure qu’il reste aux lieux entachés.
Plus qu’actualiser Shakespeare, la pièce interroge l’archaïsme des valeurs de l’entreprise, univers fondamental de notre modernité, auto-proclamée (peut-être hâtivement) rationnelle et progressive, désenchantée en somme. Souvent présentée lisse, froide ou lointaine, l’entreprise s’avère en réalité ancrée dans nos vies, rêche et brûlante.
On l’appelle parfois « société » ; ce n’est pas anodin. Ce microcosme de vie reflète et influence le macrocosme dans lequel il s’instaure ; y compris les angoisses refoulées d’une humanité qui doute. L’écriture ressuscite, refond et confronte les personnages shakespeariens à ce que l’entreprise révèle de plus vivant, organique, cruel... de plus humain enfin.
80, Allée Darius Milhaud 75019 Paris