À la Galerie des Glaces.
La mezzo soprano tchèque Magdalena Kozena mène depuis 15 ans une carrière brillante qui s'est révélée tôt au public international, en entrant dès 1996 dans la troupe du Volksoper de Vienne (à 23 ans seulement) puis en conquérant Paris dans la production de l'Orféo de Gluck dirigée par Gardiner (1999).
Elle est depuis l'invitée régulière des plus grandes scènes de la planète : Festival de Glyndebourne avec Simon Rattle (son mari depuis 2008), Festival de Vienne avec Marc Minkowski, Metropolitan Opéra de New York avec James Levine, mais aussi Berlin, Londres, Aix en Provence... Haendel, Bach et Mozart la revèlerent, mais c'est maintenant l'ensemble du répertoire qu'elle sert avec passion, grâce à un timbre somptueux : de Mélisande à Carmen, elle redonne vie aux grandes héroines de la musique.
À Versailles, c'est à Mozart et Haydn que Magdalena Kozena dédie son concert dans la Galerie des Glaces ; une évidence. Avec Mozart, il faut toujours se méfier des apparences. L'apparente légèreté nous dissimule des abîmes ignorés et inversement : c'est que le théâtre et l'opéra habitent la moindre note de sa production. Dans ses opéras, Mozart n'aime rien tant que capturer ces moments où les êtres basculent, quand les sentiments s'emmêlent (l'air Non piu cosa de Cherubino dans les Noces), quand les regrets s'ajoutent à l'amour (Sesto déplorant la perte de son ami et sacrifiant son aimée dans Deh per questo istanto solo de La Clémence de Titus), ou quand l'angoisse submerge tout (le magnifique air Vado ma dove o dei K.583 composé pour être intégré dans un ouvrage de Martin y Soler). Il partageait cet art de l'ambigüité psychologique avec son maître et ami Joseph Haydn chez qui les apparences étaient tout aussi trompeuses. Composée en 1789, Ariane à Naxos est une grande scène dramatique qui comporte deux longs récitatifs et deux arias pour soprano. Cette cantate acquit rapidement une immense popularité tant Haydn y dépeint les tourments intérieurs de la princesse crétoise, abandonnée par Thésée, avec une saisissante vérité psychologique. C'était l'œuvre vocale d'Haydn que Rossini préférait.
L'extraordinaire célébrité de la Symphonie n°40 et de la Petite musique de nuit ne doit pas nous faire oublier leur architecture exceptionnellement élaborée et leur perfection formelle. D'ailleurs au sujet de la seconde, que sait-on vraiment ? Mozart avait certes l'habitude de composer des divertissements pour des soirées privées (un moyen pour lui de gagner rapidement de l'argent) mais l'allégresse irrépressible de ces pages n'indique-t-elle pas qu'il les avaient surtout composées pour son propre plaisir ?
Ce programme d'une folle diversité dans les émotions exige des interprètes aussi parfaites musicalement que suprêmement inventives dans l'expression des sentiments : c'est peu dire que la mezzo Magdalena Kozena et Nathalie Stutzmann à la baguette s'imposent comme des évidences. Elles peuvent compter sur les couleurs opulentes d'Orfeo 55 sur instruments d'époque.
Au programme :
Joseph Haydn : Cantate Arianna a Naxos
Wolfgang Amadeus Mozart : Non so piu cosa son cosa faccio - extrait de Nozze di Figaro, Deh per questo - extrait de la Clemenza di Tito, Symphonie n° 40 K 550, Vado, ma dove, O Dei - Air de Concert K 583, Parto, ma tu ben mio - extrait de la Clemenza di Tito
Château de Versailles, Place d'Armes 78000 Versailles
Entrée par la Grille d’Honneur. L'accès aux salles se fait par la Cour d'Honneur Porte B.
Voiture : Par l’autoroute A13 et A86, sortie Versailles Château.