Dans le cadre du festival Paris Quartier d'été.
Comment devient-on une femme en Afrique du Sud… et ailleurs ? Comment trouver et préserver son identité par-delà les coutumes, les rituels du mariage, les usages domestiques ? Accompagnée sur scène par son fils de 13 ans, la danseuse et chorégraphe Mamela Nyamza explore le parcours qui mène aux plus précieuses indépendances.
Depuis que Simone de Beauvoir l’a écrit un jour, nulle n’est censée l’ignorer : on ne naît pas femme, on le devient. Soit. Sauf que, devenir femme, c’est bien joli, mais comment est-ce qu’on s’y prend ? Partant de cette question finalement pas si simple, Mamela Nyamza trouve ici le moyen de raconter – sur la pointe des pieds - une part intime de son propre parcours.
Elle a commencé à danser à l’âge de 8 ans, à l’école de ballet de Gugulethu, près du Cap… où elle arrive pour son premier cours en maillot de bain, s’attendant à ce qu’on lui apprenne à danser comme la star de l’époque, la reine de l’afropop Brenda Fassie. Quelques années après cette surprise initiale, elle continue son apprentissage à Pretoria – “C’est important de recevoir une formation classique impeccable pour mieux pouvoir interroger les techniques de la danse traditionnelle” – mais déprime, seule dans sa chambre, seule noire d’une troupe blanche qui ne parle que l’afrikaans. Une bourse pour rejoindre l’école d’Alvin Ailey à New York vient comme une providence. Libération, révélations : “J’ai vu plein de danseuses noires, elles avaient des fesses comme les miennes. J’ai commencé à apprécier mon corps. Tout est devenu plus léger.”
Revenue dans son pays, Mamela Nyamza conçoit bientôt une série de pièces qui auscultent les traditions et s’attaquent aux sujets de société les plus dérangeants : les violences faites aux femmes dans les foyers ou dans les rues, le sort réservé aux sportives de haut niveau, comme la footballeuse Eudy Simelane, poignardée à vingt-sept reprises pour avoir eu le front de “s’être comportée comme un homme”, ou le viol et le meurtre de deux lesbiennes à Soweto, dans Kutheni (“Pourquoi ?”)… Elle regarde également du côté des vies privées, avec des pièces comme Isingqala, où des larmes silencieuses se font enfin entendre, ou Okuya Phantsi Kwempumlo – le Repas, qui examine ce qui s’échange entre celle qui prépare un repas et ceux qui le mangent.
Chorégraphe et danseuse admirée, couverte de récompenses, Mamela Nyamza continue d’être une militante engagée, utilisant les techniques du mouvement pour sensibiliser les jeunes aux dangers de la drogue ou du sida. Avec Hatched, c’est sa propre histoire qu’elle a choisi de raconter : celle d’une femme xhosa qui refuse les rôles que la société lui impose pour trouver et pour suivre, avec obstination, sa propre voie.
Avec la participation d’Amkele Mandla.
30, rue du Chevaleret 75013 Paris