Matthieu Barbin en vient à signer son premier solo : Totemic Studies. L'artiste s'est passionné pour les rituels totémiques, qui imprègnent nombre de civilisations. Il s'est posé la question de leur faible présence dans le monde occidental. Cela au point de questionner en quoi pourrait consister sa propre construction totémique, dans ce contexte européen qui est le sien, où agir en artiste. Quelles valeurs ? Quels rejets ? Quels référents d'identité ? Par quelle aspiration, non close ?
Une tradition voit dans tout solo un souci d'autoportrait. Matthieu Barbin s'y projette tout autrement. Tout ailleurs. Dans un contact très incarné, engagé au plus près de ses spectateurs, il pointe la violence, toujours déjà présente, du regard posé sur l'artiste en représentation. Étrange société, qui assume la crudité pornographique, mais reconduit mille tabous et replie quand il faut aborder la complexité du désir, pourquoi pas prédateur, qui construit un regard. Dans la vie. Et plus fortement encore, dans une mise en spectacle.
Matthieu Barbin est allé chercher la force de sa pensée en actes, dans les parages des questions de performativité, de genre, ou encore dans la tension des cultures urbaines, qui portent haut le maniement du langage. L'écriture de Jonathan Drillet, chevillée aux projets scéniques les plus contemporains, lui est une précieuse complicité. Assumant son propre geste à la première personne, il projette l'invention de lui-même, en quoi consistera son devenir en scène. Si ce mouvement tient d'une pensée indisciplinaire, il s'affranchit de la tentation facile d'en cultiver un quelconque cliché.
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