Des choses qui tombent, se déplacent, restent en suspens. Des choses qui se diffractent, s’évanouissent, se transforment, entraînent des transformations. Des choses qui se produisent, dévoilent leur mouvement propre, les paradoxes de leurs modes d’action et d’interaction. Des choses. Et des corps : agissant et agis, déplaçant et déplacés, dépassés, emportés.
La chorégraphe Mette Ingvarsten s’intéresse à la production de mouvement et à sa relation complexe avec les principes organisant la perception. Des superstructures (comme celles de la grande ville dans Giant City) jusqu’au plus ténu de l’expérience sensible, ses pièces fabriquent des boucles perceptives où sujet et objet, animé et inanimé, organique et mécanique, s’entremêlent jusqu’à un point de vertige. De manière ludique dans It’s in the Air, ou plus contemplative dans Evaporated Landscapes, elle renverse les règles de la causalité pour mieux concentrer le regard sur ce qui se produit entre. À la lisière des phénomènes et des images.
Avec The Artificial Nature Project, elle poursuit son exploration de la scène comme laboratoire, à la frontière de la physique et du spectaculaire. Comme un microscope grandeur nature, le plateau génère des transformations, déplie différents états de la matière, substance vivante, objets familiers, particules en suspension. Le trouble introduit sur ce qui est corps et ce qui est chose, sur ce qui circule de l’un à l’autre, provoque l’attention, pousse à suivre le processus, les glissements, les liens manquants.
Au fil des tableaux se dessine une allégorie de la place de l’homme vis-à-vis de son environnement : un De Natura Rerum chorégraphique reflétant l’illusion d’un contrôle sur la nature, sans cesse rattrapé par l’entropie du vivant.
Place Georges Pompidou 75004 Paris