DANCER or You can make whatever the fuck you want but you’ll only tour solos or The Powerful People or We are strong/We are powerful/We are beautiful/We are divine or & :’///
La série Age & Beauty peut être vue comme un « portrait de l’artiste en jeune homme vieillissant ». Un testament critique hanté par l’idée de suicide, la lassitude du combat pour la reconnaissance. Une reprise du « il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais donc continuer » de Beckett à l’ère post-moderne.
Mais elle peut aussi être regardée comme un long poème queer et révolté, une synthèse bigarrée tramée de portraits, de couleurs kitschs, de corps marginaux, de mélodies dissonantes. Un manifeste festif et radical, comme un Fuck retentissant adressé au conformisme et à la résignation.
Ces différentes facettes constituent le cœur du travail de Miguel Gutierrez – artiste, chorégraphe et musicien américain – que chacune de ces trois pièces fait miroiter. Sous forme de duo, la première partie – sous-titrée « notes suicidaires » – cherche à cerner la spécificité du temps queer, l’imbrication entre mode de vie et position artistique : un moment de retour sur soi sans concession, traitant pêle-mêle de rêves de gloire et de compromission, de vieillesse, d’amour et de sexualité.
Le deuxième opus poursuit ce bilan critique en abordant toutes les dimensions de l’acte de création, sous une forme musicale et dansante déjantée : le fonctionnement d’une compagnie, la relation avec ses collaborateurs, l’institution, et la place centrale de l’argent au centre du jeu. Dans le troisième volet, il invite un groupe de performeurs à le rejoindre pour revisiter et éclater collectivement son propre imaginaire. Ils sont jeunes, vieux, ne ressemblent pas à des danseurs et pourtant ils dansent, chantent, multiplient les interférences et les connexions, entraînés par la musique composée par Miguel Gutierrez – un mélange de science-fiction onirique et de chansons ambiantes assaisonnées de mélodies télévisées...
À travers cette galerie de portraits, le chorégraphe interroge sa propre place, la postérité de son travail et la consistance des histoires qui tiennent ensemble cinq individus sur une scène.
Place Georges Pompidou 75004 Paris