Misia porte en elle le chant nostalgique et lancinant de son pays le Portugal, le fado. Elle chante les poèmes de Fernando Pessoa, Mario de Carneiro, Antonio Botto… sur toutes les scènes du monde. D'une chaleur et d'une profondeur somptueuse, la voix de Misia compte parmi les plus grandes qui soient apparues ces dernières années.
Quelques mélodies, simples presque archaïques, interchangeables en fonction du poème qui les accompagnera. C'est au chanteur de choisir et de donner par la voix, à ce registre mille fois couru, ce qu'il aura de plus nouveau, de plus vrai, de plus profond, de plus ancien.
C'est ce corset que Misia a choisi de respecter pour son premier disque avec Détour / Erato. Retourner à la tradition tout en choisissant des poèmes littéraires d'auteurs contemporains (José Saramago, le Prix Nobel de Littérature s'est pris au jeu d'écrire pour elle, mais aussi Lidia Jorge, Agustina Bessa-Luis, Mario de Sa-Carneiro...) pour glorifier un genre ancien et rappeler aux yeux du monde qu'une certaine culture est immortelle. Le fado, que l'on chante les yeux fermés parce qu'on est seul face à son destin, est la dernière chanson urbaine d'Europe issue de nos cultures populaires.
Dans le travail entrepris pour ce disque avec Ricardo Dias, son arrangeur, s'est tracée une ligne esthétique que l'on retrouve sur leur deuxième album ensemble : les arrangements en refusant les influences des modes musicales du moment s'accordent cependant la liberté d'explorer tous les types de sonorités autres que celles habituellement associées au fado. Ainsi reviennent très souvent l'accordéon et le violon, des instruments souvent entendus dans la rue, des instruments nomades dans lesquels Misía a trouvé sa sonorité mais aussi des cuivres, un quatuor de cordes...
Passions diagonales est un disque plus universel, une respiration plus large, le résultat des voyages entrepris ces dernières années pour rencontrer le public aux quatre coins du monde : Japon, Portugal, Espagne, Turquie, Pays Bas, Australie, France, Allemagne, Suisse, Brésil... Les influences esthétiques sont nombreuses. Quatre fados traditionnels, plusieurs autres contemporains et avant-gardistes, un mélange des styles à travers trois lignes de guitare portugaise.Passions diagonales est un disque d'une rencontre : comme avec la pianiste portugaise de renommée internationale Maria João Pires le temps d'un fado piano-voix, le titre du disque : Passions diagonales.
Pour la première fois, un texte de Pessoa écrit en français, un poème du Brésilien Carlos Drummond de Andrade, glané au détour d'une tournée avec Maria Bethania en son pays, un autre poème écrit pour Misia par l'auteur portugais Rosa Lobato de Faria. Mais aussi des musiques et des textes d'Amelia Muge, Ricardo Dias, Sergio Godinho, João Monge... Sur cet album, Misía ré-enregistre Liberdades Poéticas, le premier fado écrit pour elle il y a à peu près dix ans, dont on dit qu'il marque la transition du genre entre tradition et modernité.
Au croisement de ces Passions diagonales se dessinent toujours plus précis les sentiments d'une artiste dont le rêve exaucé de se produire à l'Olympia de Paris s'est transformé en désir de plaire au public même plus tard, quand certains soirs l'âge aura eu raison de sa voix, un rêve elle travaille au prix d'un seul effort : celui de l'émotion vraie.
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