L'histoire
Propos pour une adaptation
théâtrale
Propos pour une mise en scène
Voici le programme !
Deuxième printemps de la guerre 1914-1918. Mitsou, une jeune vedette de music-hall, vit sagement entre les revues de l'Empyrée Montmartre et les visites de son riche protecteur. Un soir, un beau lieutenant en permission surgit dans sa loge. Cette rencontre fortuite métamorphose Mitsou qui cède à l'audace de lui écrire. Il s'ensuit une longue correspondance, de plus en plus enflammée.
Deux mois plus tard, le lieutenant en permission accourt chez Mitsou. Il retrouve alors une Mitsou différente de l'image de ses rêves dont il se détache aussitôt. En dépit de cette désillusion, Mitsou se découvre une complexité de sentiments et enfin un cur qui bat!
Propos pour une adaptation théâtrale
Colette écrit "Mitsou" en 1919, avec la finesse d'analyse, l'humour et la sensibilité qui lui sont propres. Marcel Proust aurait pleuré d'émotion à la lecture de la dernière lettre d'amour de Mitsou et d'admiration pour ce petit chef d'uvre méconnu
L'adaptation théâtrale préserve toute la saveur des dialogues de Colette, tout en apportant un nouvel éclairage aux deux univers déjà présents dans "Misou": l'univers du music-hall parisien et l'univers de la correspondance, avec en toile de fond la Grande Guerre.
De l'univers du music-hall à l'univers de la correspondance
Alors que les poilus sont enlisés dans une guerre à la violence sans
précédent, Paris vit et s'amuse. Ce décalage ne manquera pas de choquer. Cependant, ce
sont bien les poilus en permission qui se ruent les premiers devant les portes des
théâtres et des music-halls.
La mise en scène de "Mitsou" restitue toute l'importance de ce music-hall, en tant que force de vie et arme contre la guerre. Ecoutons ce témoignage d'un aviateur inconnu adressé aux vedettes de music-hall: "Vous êtes des héroïnes, Mesdemoiselles, vous combattez avec nous, car vous embellissez et soutenez puissamment notre moral."
Dans "Mitsou", Colette a choisi de nous évoquer ce music-hall par le biais de la vie en coulisses de ses personnages. Cette évocation m'a donné envie d'amener ces artistes sur la scène, et de les imaginer dans leurs numéros prétexte à faire revivre le music-hall de cette époque. Pendant la Grande Guerre, des milliers de lettres sont échangées. Des lettres qui relient, tant bien que mal, les soldats à la population civile. Ainsi, au cur de leur relation, le lieutenant écrit à Mitsou, comme d'autres correspondent avec leurs marraines de guerre. Dans ces échanges de lettres, chaque soldat trouve désormais sa part de réconfort ou de rêve
Ici, l'artiste de music-hall devient aussi une marraine, particulière Celle-ci incarne, dans l'imaginaire du poilu, le fantasme érotique de la femme ou même l'image de la femme idéale. Aussi, du fantasme engendré par les lettres à la fantaisie du music-hall -soit d'un univers imaginaire à l'autre- il n'y a qu'un pas. Par l'exaltation de ces deux univers imaginaires, "Mitsou" entend célébrer le rêve et le divertissement.
"Ce qui fait planer, ce qui aide à oublier la lourdeur de la vie, cela seul est source de grâce" Stefan Zweig
"N'importe ! Je me serais toujours bien amusée en chemin !" Colette
Notes de scénographie
La scène est divisée en deux parties égales entre l'avant-scène et le fond de scène.
Cette division de l'espace scénique nous permet d'isoler la scène du music-hall de la
loge, puis le salon de la chambre chez Mitsou. Ainsi les spectateurs peuvent découvrir
deux actions simultanées, sans lien apparent, ce qui crée un contrepoint comique.
L'avant-scène devient le lieu imaginaire, tour à tour espace de music-hall, puis espace de la correspondance Dans cet espace scénique vient s'intégrer un décor très léger, facilement maniable, en accord avec le parti pris esthétique du spectacle.
En fond de scène un pan de tissu peint dans un style naïf suggère l'intérieur de chez Mitsou. Puis, un autre pan évoque le cadre voluptueux du restaurant parisien.
Quelques meubles viennent se poser sur la scène. Utilisés pour leur stricte fonction, ou pour leur effet "clin d'il"; une coiffeuse avec le miroir de l'artiste et un placard pour cacher les soldats dans la loge de Mitsou, puis un lit incontournable dans sa chambre
Quant à la scène du music-hall, elle reste un espace vide, propre à éveiller l'imagination du spectateur. Les artistes de music-hall apporteront la vie à cet espace scénique. Leurs costumes, dans des couleurs de franche gaieté, rappellent l'insolence et la liberté du fauvisme, comme un pied de nez à la grisaille de la loge et des costumes de ville, et à la guerre.
Notes de music-hall
Le choix d'un accompagnement musical sur bande-son permet encore de jouer avec
l'imaginaire. Cette musique, surgie de nulle part, transporte le spectateur dans un
univers
de rêve ? Pour incarner ce rêve, des artistes à "l'état brut"
prennent possession de la scène. A l'image d'un music-hall encore proche du caf' conc',
sans fioritures ni grands effets, ils créent le spectacle par leur charisme et par leur
fougue.
Avec une présence comique à la Mayol, Boudou entonnera le "cri du poilu" de V Scotto, accompagné dans ce numéro par une danseuse déchaînée ! Mitsou envoûtera le public avec quelques pas de french cancan dans "La Parisienne".
Le chanteur de charme, par sa belle voix lyrique, évoquera le printemps, les premiers frissons de l'amour dans un répertoire sentimental à la Mercadier.
Petite Chose, danseuse épileptique à la gouaille d'une Mistinguett offrira un numéro burlesque en compagnie de Boudou.
Notons que tout cela donne bien envie à la femme de chambre de Mitsou qui, dans un moment d'intimité, se livre à un authentique numéro de gommeuse à la Yvette Guilbert
Enfin, la "Comic Polka" de Fragson et le "Golliwogg's cake walk" de Debussy donneront lieu à des intermèdes joyeux.
9, rue de la Montagne d’Aulas 75015 Paris