Soirée partagée : Mon coucou, Tell et ma Suisse de Claudia Gradinger et Espiral de Viviana Moin.
Qui est celui, ou celle, qui se cache sous un toit en bois à défaut de faire son nid... ? Qui est celui qui, planqué dans son chalet au pays des merveilles de Heidi, tire ses coups en douce... ? C'est celui qui crie quand ça lui chante, non pas pour signifier l'heure qui passe mais l'instant où l'image du monde intact se fissure...
Un spectacle construit à l'image d'un « brainstorming », à la vitesse, au rythme, au fil continu ou rompu de la pensée. Une lecture non pas linéaire mais une mosaïque ou un puzzle dont les pièces se mettent en place progressivement, sur le mode elliptique et allusif.
Claudia Gradinger, drôle de coucou helvète, explore en toute liberté quelques facettes de ce symbole-cliché de son pays : cet oiseau qui sort pour nous faire coucou avec sa régularité légendaire. Le coucou, pris comme symbole d'un monde intact, immuable, rassurant. Se pourrait-il qu'un beau jour la belle mécanique déraille ? Et si la précision de l'horlogerie suisse n'était qu'un mythe tout comme celui de Guillaume Tell ? Derrière lequel pointe un autre univers, plus incohérent, plus agressif, plus délirant, plus...trash ?
Cette fratrie ne réunit pas moins de trois « non-spécialistes » qui chantent, mais ne sont pas chanteurs, qui dansent mais ne sont pas danseurs, qui veulent dire des choses mais ne savent encore rien du thème choisi. Ce lieu de fragile ignorance part d’une impulsion qui doit plus au désir et au besoin de dire (peu importe quoi) qu’à la maîtrise d’une technique et à l’apparente nécessité de dire une chose précise. Une troupe anti-héroïque, dans l’idée qu’un interprète, une fois sur scène n’est pas de fait au-dessus des spectateurs, et n’est pas là pour donner des leçons pas plus pour être admiré ou pour montrer le prototype d’un homme amélioré. Des acteurs qui ne sont pas très différents du public. Tous attendent le surprenant dans ce que l’on croit connaître par coeur.
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris