C’est en choisissant les composants du mouvement, c’est-à-dire les petites unités permettant d’évaluer précisément les facteurs : poids, temps, espace, flux, que je formalise l’écriture chorégraphique qui vient cerner le langage corporel spécifique à chaque pièce. Je m’appuie pour cela sur l’analyse pour le mouvement proposée par la cinétographie Laban. Pour que ces composants puissent offrir un écart d’interprétation, et puissent évaluer précisément cet écart – j’ai ajouté, aux signes Laban existants, des colorations différentes, et je me permets une organisation plus ouverte de la partition. Car ce qui motive l’écriture chorégraphique c’est l’invention d’univers contingents, qui stimulent la créativité et mobilisent la présence de l’interprète en l’invitant à vivre ses propres choix. [...]
J’ai pu observer que lorsque les danseurs, habités par leur souffle, incarnent les données abstraites et ouvertes des partitions, surgissent sur le plateau des créatures étranges mi-hommes, mi-femmes, mi-animaux. J’aimerais observer de plus près le comportement de ces « cryptides », de ces « bêtes », auxquels chacun des interprètes donne naissance, pour les mettre en scène et en musique.
Myriam Gourfink
1-5, place de la Libération 93150 Le Blanc-Mesnil