Après Motion & Motion (6 interprètes) et La femme squelette (5 interprètes), Nadia Vadori nous livre une pièce intimiste, un espace intérieur. Nocturne réunit deux danseuses et un pianiste. C'est une histoire féminine de désir et de silence sur 7 nocturnes de Chopin.
La musique de Chopin, la passion de la
jeunesse
Depuis l’enfance, depuis les préludes du travail à la barre de quinze années de
danse classique, elle vit avec cette musique. Plus tard, elle découvre les nocturnes
et les polonaises. Elle écoute Chopin comme on écoute du Rock and
Roll ou un solo de guitare électrique. Il y a, dans les nocturnes, une violence,
une fantaisie, la passion de la jeunesse, on est loin d’un romantisme de façade.
Le désir
“S’il est vrai que nous sommes des êtres tissés de désir, alors, quand nous désirons,
nous épousons l’étoffe même de notre être et cet élan nous déploie.
Nous sommes tous étrangers, en transit dans la chair, dans un présent terrestre,
confrontés à une matière qui nous résiste. Le désir met cette inertie en mouvement,
il donne des envies constantes de traduction, de lien, de battement de
coeur. Le désir est l’impulsion même de la vie. Que faisons nous ici, incarnés, en
rythme, sinon de tenter d’impulser la danse, l’élan qui nous entraîne les uns vers
les autres et nous sépare avec le reflux, de faire entrer une énergie lumineuse
dans les trous noirs de la densité matérielle ? La passion qui parfois nous anime et
qui, dans son mouvement, nous entraîne vers un autre, engendre une émotion
intense. Seulement voilà, ce n’est pas aussi simple que cela, les niveaux du réel
sont multiples et des jeux de miroirs nous mettent en abîme. Cette réalité
d’amour qui est la nôtre est parfois, pour l’autre, chimérique. On croit être dans
le même espace alors que c’est un reflet qui apparaît”. N.V
La violence du silence
Dans cette pièce, il est question de l’élan incompressible qui nous porte vers un autre
et de la violence du silence. Sur scène deux femmes composent avec le feu qui les
traverse. Elles affrontent l’immensité d’un monde déserté du corps d’un autre.
La musique de Chopin se prête à ce propos. Il était un homme extrêmement réservé
sur l’objet de ses passions et l’on sent dans sa musique la puissance de sentiments
qu’il taisait. « Quelle amertume, quand le coeur est oppressé, de ne pouvoir
s’épancher dans un autre coeur, tu sais ce que je veux dire. Maintes fois, je confie à
mon piano ce que je voudrais te confier à toi seul. » écrit-il à son ami Fortunio.
Un piano sur scène
Les Nocturnes sont comme les cahiers intimes de l’écrivain ou les dessins secrets
du peintre. Leur apparente instantanéité recèle des niveaux de sens éludés, souterrains,
une vérité de l’être.
La présence d’un pianiste sur scène témoigne de ce rapport solitaire et secret à soimême.
Quand Michelange Moreno joue, son corps entier est traversé par la musique.
Nocturnes joués sur scène : Opus 9 n°2 - Opus 37.2 n°12 - Opus 15 n°13 - Opus posthume n°21 - Opus 9 n°1- Opus 48.1 n°13 - Opus 55.1 n°15.
31, rue Henri Kleynhoff 94250 Gentilly