Le chorégraphe Noé Soulier explore nos gestes et ce qu’ils disent de nous. Anthropologue de nos mouvements, il nous en offre toute la vitalité, l’étrangeté et la poésie dans une création pour six danseurs et deux percussionnistes.
« La manière dont on conçoit le mouvement affecte profondément l’expérience qu’on en fait », tel est le credo de Noé Soulier, figure montante de la danse d’aujourd’hui, qui, depuis son spectacle fondateur, Mouvement sur mouvement, explore ce qui relie le geste à la parole ou à la pensée. Dans Removing, il explorait un catalogue de gestes et de séquences chorégraphiques ancrés dans notre quotidien, en occultant leur finalité usuelle. Faits et gestes mettaient à l’épreuve une technicité explosive de haut vol.
Pour cette chorégraphie, il s’attache aux forces physiques qui gouvernent le mouvement, mais aussi à une force plus subtile, celle de l’évocation. Il traque cet élément impondérable ou furtif, voilé sous le geste prescrit, à même d’activer souvenirs et sensations. Un pied se relève, une main se dégage, un pas hésite imperceptiblement, autant de rituels élégants et inflexibles qui déterminent une vibration de la mémoire, s’ancrent dans notre inconscient et font retentir nos expériences passées.
Musique de Noé Soulier, avec Tom de Cock et Gerrit Nulens de l’ensemble Ictus.
« Plus que le sens profond du mouvement, c’est son intensité maximale que cherche Noé Soulier. La tension musculaire est à son comble dans ce qui finit par ressembler à une série de départs à fond la caisse coupés net dans leur élan dès que l’action a eu lieu. Cette progression abrupte met en avant une écriture du fragment avec des heurts rythmiques, des bifurcations intempestives qui secouent sans cesse l’horizon. » Rosita Boisseau, Le Monde, 17 décembre 2018
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