" Voilà un texte que je porte en moi depuis longtemps, fait de sentiments universels. Dans son alternance de scènes poétiques et bouffonnes, Musset se rapproche d’ailleurs terriblement de Shakespeare.
" La jeunesse d’aujourd’hui n’a aucun mal à se retrouver dans " On ne badine pas avec l’amour " . Camille et Perdican sont deux jeunes gens qui s’aiment, ne savent pas se le dire, se font souffrir et posent l’éternelle question de la sincérité et de l’idéal. Entre eux, une autre jeune femme, Rosette, moins instruite mais pleine de vie, de sensibilité et de bon sens, qui fera les frais de ce jeu de cache-cache jusqu’à en perdre la vie.
" Autour de ce trio, évoluent des adultes qui s’arrangent hypocritement avec la religion et le pouvoir. Pour eux, sincérité, amour, exaltation sentimentale, honnêteté intellectuelle et droiture n’ont plus beaucoup de sens depuis longtemps. Ceux-là ne sont pas joués par des acteurs de chair et de sang mais par des marionnettes, caricatures grotesques d’êtres vivants.
" Je trouve le rapport entre les personnages réels et les marionnettes très intéressant. Il y avait un challenge pour réussir à faire passer dans des figurines animées des sentiments qui illustrent le côté sombre des hommes, notamment la gourmandise, le mensonge, la manipulation d’autrui. A ma connaissance, c’est la première fois que l’on monte " Badine " de cette manière – la pièce a pourtant été jouée plus de 600 fois depuis sa création au 19ème siècle. J’avoue que j’ai été aidé par la justesse spontanée du jeu des acteurs, à la fois les comédiens qui jouent Camille, Perdican et Rosette, et celui qui anime et prête sa voix à toutes les marionnettes. "
Henry Moati
Hall des expositions, cours de la Liberté 83170 Brignoles