Paroles à boire

Le Nouveau Théâtre d’Angers et le Bureau Interprofessionnel des Vins d’Anjou et de Saumur ont conjugué leurs passions pour proposer une célébration théâtrale du vin. Paroles à boire, interprété par cinq comédiens de la région, est orchestré par Monique Hervouët qui a mis en scène Apprendre à rire sans pleurer d’après Kurt Tucholsky au Nouveau Théâtre d’Angers (1996), et récemment Mort accidentelle d’un anarchiste de Dario Fo pour la CRAC Compagnie.

Vin de fête

Notre vin est de couleur assez claire – je parle d’abord du rouge – tout en restant d’un rouge coquelicot, on y voit au travers. Sa limpidité vient du froid. (…) Quand vous en versez, il n’est pas comme les autres vins qui coulent, il bondit dans votre verre et il est plein de poussières dorées qui montent et qui descendent. Maintenant, pour un gosier étranger, on ne peut vraiment pas prétendre que ce vin soit bon. On nous l’a dit mille et mille fois. On nous dit : “Comment pouvez-vous boire ça ?” Comment ? Mais nous ne nous forçons pas ; au contraire, il faut nous forcer pour nous arrêter d’en boire. Nous aimons qu’il soit âpre et vert, qu’il racle la gorge et même, pour certains, qu’il fasse venir les larmes aux yeux. Ceux qui ne sont pas des quatre villages disent que, pour boire le vin de Prébois, il faut se cramponner à la table. Eh bien ! même s’il faut, nous nous cramponnons, et tout est dit. Nous ne sommes pas des collégiens. Vivez un peu parmi nous ; imposez-vous nos habitudes et vous verrez si vous continuez longtemps à faire la fine bouche. Vous en arriverez même à boire notre vin blanc. C’est notre vrai vin de fête.