Paula Pi est brésilienne. Sorour Darabi iranien. Rapport à la France, comment imaginer plus éloigné.e.s ? Géographiquement ; et pas que. Lointain.e.s ? Proches ? Alexandre, la pièce qu'il.elle.s interprètent aujourd'hui invente une expérience inépuisable de la distance et du rapprochement, toujours à éprouver.
Les pensées dominantes font considérer qu'il est des points de départ et des points d'arrivée, que le temps se déroule en linéaire, et qu'il est des lignes pour séparer clairement ce qui est d'un côté et de l'autre côté. Cela par exemple en matière de genre. Paula Pi et Sorour Darabi y opposent des pratiques de la transformation, des conceptions du temps cycliques, des perceptions de la vie tout en variations.
Le projet Alexandre est porté par Paula Pi. Celle-ci n'a jamais oublié l'enregistrement qu'un ami – Alexandre – lui fit entendre un jour. Un vieux sage d'une tribu indienne du Brésil y énonçait des principes fondamentaux de sa culture. Le thème de la gémellité y est puissant. Paradoxalement, il en découle le multiple, par-delà le semblable. Littéralement, Paula Pi ne pouvait comprendre un mot de la langue des xavantes. Mais plastiquement, par le rythme, l'accentuation, la répétition, elle se sentit atteinte par un sens profond.
Passionnée de musique (à l'instar de son partenaire iranien), s'initiant à la vocalisation rythmique indienne (d’Inde), Paula Pi en vient, dans Alexandre, à engager un processus scénique de fluide altérité et libre traduction. Appliqué à tous les aspects de la vie au monde, on y trouvera la source d'un imaginaire affranchi, par-delà toute clôture ou assignation.
1, rue Victor-Hugo 93507 Pantin