Peeping Tom - 32, rue Vandenbranden

le 8 mars 2011
1h20

Peeping Tom - 32, rue Vandenbranden

Dans un spectacle d’une beauté inouïe, les danseurs et chanteurs lyriques de Peeping Tom explorent les tréfonds de l’homme avec générosité et virtuosité. Tragique, charnel et très émouvant, un spectacle époustouflant à ne rater sous aucun prétexte ! Dans le cadre de Paris Quartier d'été.

Dans le cadre de Paris Quartier d'été.

  • Un spectacle époustouflant, d'une beauté féérique

Egarée dans un improbable paysage de bout du monde, scintillante d’étrangeté, la rue Vandenbranden des Peeping Tom procure l’impression inédite de pénétrer par effraction dans le rêve de quelqu’un d’autre. Parfois, ça fait peur ; parfois, ça fait rire ; parfois, ça propulse plus avant dans un nouveau songe. Étreintes et séparations, malentendus et drames domestiques, élans lyriques et télescopages, autant de rencontres qui fusent comme de brèves explosions entre deux baraques ensevelies sous la neige.

Se déplaçant sans cesse du quotidien au fantastique, le collectif Peeping Tom invite à regarder du côté des interdits, des intimités cachées, des désirs secrets, inavouables ou inavoués. Théâtre dansé ? Chorégraphie dramatique ? Peu importe, puisque c’est dans les au-delà et dans les à-côtés que Peeping Tom opère. « Le nom Peeping Tom est très représentatif de notre manière de travailler : on cherche, on regarde, on est très voyeurs du monde qui nous entoure. Au début du processus de création, on observe beaucoup le monde extérieur pour y puiser des idées, on s’intéresse à tout, jusqu’à ce qu’au bout de quelques mois, on soit épuisés et qu’on commence alors à chercher à l’intérieur de nous : finalement, c’est un voyeurisme aussi bien intérieur qu’extérieur. »

Gabriela Carrizo est née en Argentine, à Córdoba, où elle a étudié la danse avant d’atterrir à 19 ans à Bruxelles. Franck Chartier a été dès l’enfance à l’école classique, chez Rosella Hightower à Cannes, avant de rejoindre le Ballet du XXe Siècle de Maurice Béjart, passant ensuite chez Angelin Preljocaj, ou Anne Teresa De Keersmaeker. C’est en 1997 que Gabriela et Franck se rencontrent, au sein des Ballets de la C de B d’Alain Platel, qui montait alors Lets op Bach. « Il y avait la liberté de choisir ce qu’on voulait montrer sur scène, raconte Franck Chartier. Cette façon de travailler nous a forcés à découvrir ce qu’on aime et ce qu’on n’aime pas, ce qu’on veut dire sur scène. Ce qui est drôle, c’est que tous les danseurs qui ont participé à la création de Lets op Bach ont créé leur propre compagnie après cette pièce. » Franck et Gabriela imaginent d’abord Caravana, une pièce jouée dans un campingcar, puis une autre pièce intitulée Une vie inutile. Entre-temps, ils multiplient les rencontres, comme celle, décisive, de la mezzo-soprano flamande Eurudike De Beul, et donnent corps à leur envie de travailler en collectif.

Au fil des mois puis des années, ils vont ainsi définir une méthode : chaque création s’élabore sur une période de cinq mois, au cours desquels chacun réfléchit sur un thème donné – aucune barrière, aucun jugement, aucune analyse, tout est bon à prendre. « On fait des compositions, c’est-à-dire qu’on va prendre dix minutes ou une demi-heure. C’est en partie de l’improvisation, bien sûr, mais il y a une recherche de mouvements, une réflexion, c’est pour cela que l’on nomme ces travaux des “compositions”. Pour nous, c’est important que chacun trouve une idée. » Un travail qui demande souvent de frôler la rupture d’équilibre : « Au bout de deux mois à montrer sans arrêt des choses, on se sent vide et fragile. » À l’arrivée, chaque interprète est responsable de son matériel, de ses décisions, de son choix. Du catalogue constitué par l’apport de tous émerge une chronologie qui se mue lentement, organiquement, en une histoire, jusqu’à ce que chaque élément prenne, comme par enchantement, tout son sens.

C’est de cette manière qu’a vu le jour une trilogie qui explore les recoins cachés d’une maison et de ses habitants – Le Jardin, Le Salon, Le Sous-sol. Immédiatement accessibles, touchant au plus intime, ces spectacles ont connu un succès sans démenti : présentés lors de 350 représentations dans le monde entier, ils reçoivent plusieurs récompenses importantes, propulsant leur travail à un niveau de renommée internationale.

Avec 32 rue Vandenbranden, la maison se confronte au monde et y trouve sa place. On s’en doute, ça ne simplifie pas les choses. Où sommes-nous ? Au bout du monde ? Au milieu de nulle part ? Pas loin de chez David Lynch, diront certains, ou dans les marges d’une photo de Gregory Crewdson. On pourrait aussi dire : dans un rêve, où tous les impossibles s’accomplissent, où le plus absurde est logique, où ce qu’on redoutait en secret cède la place à ce qu’on n’osait pas désirer. Comme dans un rêve, on s’incarne et on disparaît, on se sourit et on se défigure. Comme dans la vie, on se cherche et on se croise, on se trouve et on se perd.

Danse & Création : Seoljin Kim, Hun-Mok Jung, Marie Gyselbrecht, Jos Baker, Sabine Molenaar / Maria Carolina Vieira, Eurudike De Beul / Madiha Figuigui
Dramaturgie : Nico Leunen, Hildegard De Vuyst

  • La presse

« Le spectacle opère, alors que vous commencez par vous ennuyer, le collectif vous attrape et vous mène par le bout de nez, tours de magie à l’appui. Cette danse là est innovante, captivante, elle joue avec les lignes de douleur. C’est magnifique… et sans trucage. » Amélie Blaustein Niddam, toutelaculture.com

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Spectacle terminé depuis le mardi 8 mars 2011

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