Peepshow dans les Alpes

Paris 18e
du 18 février au 21 mars 2000

Peepshow dans les Alpes

Entre la vallée et les montagnes enneigées, devenues station de ski, il y a la ferme des Holzer. Le Grand-Père, Hans le Père, Martha la mère, Hans Junior le fils et Anna la fille, s'efforcent de maintenir en vie leur exploitation agricole. Ils produisent bien quelques litres de lait, mais l'argent manque.

Peepshow dans les Alpes
Théâtre à la ferme
"Le poète [dramaturge] éveille par l'écrit l'ordonnateur de fêtes en chacun" Stéphane Mallarmé
Extraits de presse lors de la création du spectacle " Journée de noces chez les Cromagnons " en mars 1999

Peepshow dans les Alpes

Entre la vallée et les montagnes enneigées, devenues station de ski, il y a la ferme des Holzer. Le Grand-Père, Hans le Père, Martha la mère, Hans Junior le fils et Anna la fille, s'efforcent de maintenir en vie leur exploitation agricole. Ils produisent bien quelques litres de lait, mais l'argent manque. Les cars de touristes grimpent vers les sommets...

Las d'être spectateurs des richesses qui passent, les Holzer, après avoir vendu le pétrin et le rouet, décident de commercialiser leur "environnement intact". Ils deviennent les acteurs de leur propre vie. De mèche avec M. Hugentobler, transporteur de métier, ils organisent un "arrêt pipi" avec attraction : les gens, moyennant quelque argent, peuvent voir, par les fenêtres de la ferme, vivre une famille paysanne typique. Les Holzer commencent à répéter leur vie quotidienne à la ferme. Scène après scène, le théâtre de leurs relations les révèle à eux mêmes. Sous les mascarades burlesques gronde la tourmente des frustrations. Néanmoins le "peepshow" est un succès et l'argent ne manque plus. Le rythme des peepshow s'accélère et les Holzer se font remplacer par des travailleurs immigrés qui miment l'action sur une bande-son.

L'argent passe, les problèmes subsistent, les Holzer s'en vont. Seul, reste le Grand Père, muet sur son fauteuil. Il reste, dans cette ferme qui n'avait qu'un seul défaut : avoir, entre la terre et le ciel... quatre vaches !

Théâtre à la ferme

Nous sommes allés donner une lecture de la pièce de Markus Köbeli Peepshow dans les Alpes au Festival d'Arville 95, en zone rurale (Loir et Cher).

Nous pensions effectuer une lecture publique "ordinaire", et nous fûmes les acteurs d'une représentation théâtrale. Tout était en place : les entrées, les sorties, le décor, les personnages. La pièce venait de se jouer en chaque spectateur et par son imaginaire. Les détails étaient tous présents et de surcroît, les mêmes pour tous. Le théâtre venait de se faire malgré nous, en dehors de sa forme conventionnelle et de ses murs, devant des spectateurs peu habitués à écouter la lecture d'une pièce.

Le premier pas était fait : forts de cette expérience, l'aventure ne pouvait s'arrêter là...

Autrefois, des liens culturels vivants existaient entre la ville et la campagne, ces comédiens ambulants qui interprétaient les drames des boulevards et les jouaient de village en village en faisaient partie.

Notre projet s'inscrit dans ce parcours. Aujourd'hui nous cherchons, réfléchissons à un théâtre transportable de ferme en ferme, en somme, un "théâtre à la ferme".

Depuis quelques années en effet, nombre de fermes ont dû élargir leurs activités en concordance avec le développement touristique de leur région. Certaines ont ainsi ouvert des campings, chambres d'hôtes, gîtes ruraux, etc... Elles deviennent de véritables lieux de rencontre entre monde citadin et monde rural, de brassage et d'échange culturel, toutes nationalités confondues.

La pièce traite précisément de l'exploitation touristique et de la désertification des campagnes -entre autre. C'est pourquoi les comédiens jouent les Holzer autour d'une table de ferme. Les spectateurs (agriculteurs, hôtes, citadins, touristes, etc...) viendront voir et écouter les comédiens qui passent, regarder et entendre les acteurs raconter une histoire. Celle que chacun écrit en lui-même dans son théâtre intérieur.

La représentation théâtrale tentera ainsi d'ouvrir un champ de liberté, pour qu'ensuite la rencontre s'opère, que des échanges puissent avoir lieu là où les comédiens ont joué : autour de la table, dans la convivialité d'un repas en compagnie des Holzer.

"Le poète [dramaturge] éveille par l'écrit l'ordonnateur de fêtes en chacun" Stéphane Mallarmé

Une lecture, par sa forme, reste très proche de "l'écrit", au sens que lui donne Mallarmé ; forme événementielle qui se consomme elle-même dans l'immédiateté de sa réalisation, elle est unique et ne peut donc être reproduite à l'identique chaque soir.

Lors de la lecture de Peepshow dans les Alpes à Arville, cet "écrit", à savoir l’ensemble de la pièce (dialogues et indications scéniques), a été à proprement parlé "l’ordonnateur de théâtre en chacun". Nous illustrions, de fait, la phrase de Mallarmé. Dès lors, toute mise en scène de la pièce dans un lieu habituellement consacré à la représentation théâtrale me semblait être redondante et réductrice.

En outre la réaction du public m'incitait à approfondir la réalisation de la pièce, en lui conservant l'espace de "la lecture" dans le contexte réaliste d’une ferme.

Dans cette optique, pour ce qui est du texte lui-même, un personnage s'est imposé : le lecteur des didascalies, que je nomme "l’ordonnateur". Il représente la forme narrative de la pièce, -"l'écrit"-. L’Ordonnateur est l’espace dominant. Il est "la pièce", à l’intérieur de laquelle joueront les comédiens. Ceux-ci ne jouent pas les mots. Ils sont l’entre-mot, le non-dit, le réel, le vivant, la situation en action. Ils jouent dans le décor de l’espace dominant des mots dits par l’ordonnateur. Ils ne sont pas leur illustration. Ils inventent ce qui n’est pas dit pour que l’on entende les mots.

La scénographie reste celle de la lecture :

Une table pour tout espace scénique, scène autour et sur laquelle jouent les acteurs. C'est la table de la famille, chargée de conflits et de questions, mais aussi celle de la rencontre et de l’échange - la table d’hôte.

Quatre chaises pour la mère, la fille, le père, le fils.

Un fauteuil vide pour le grand père. Une chaise éloignée pour l'Ordonnateur.

Ce travail sur la dualité des espaces "jeu" et "lecture" rapproche l’écrit de sa mise en jeu. Ils s’enrichissent l’un de l’autre, de leurs propriétés individuelles qui simultanément les éloignent.

Il ne s'agira donc jamais de marquer les frontières, celles de la mise en scène -jeu / lecture-, comme celles des modes de vie -citadin / rural-.

La complexité de la rencontre entre la vie citadine et rurale, la difficulté de leurs déplacements l'une vers l'autre n'engendre pas de frontières infranchissables, même si la plupart du temps elles sont accentuées par des facteurs sociaux, économiques, ou culturels. Des spectateurs entendront et verront des acteurs raconter et jouer les "mots-dits" où se joue l’entre-mot d’un théâtre qui s’invente sur place, celui de chacun.

Jacques David
Metteur en scène

Extraits de presse lors de la création du spectacle " Journée de noces chez les Cromagnons " en mars 1999

"La pièce de Wajdi Mouawad est particulièrement habile et d’une efficacité sans faille… La mise en scène de Jacques David, tonique, laisse la part belle au jeu des acteurs, qui évoluent avec aisance dans cet espace clos." L’Humanité – 29 mars 1999 – Zoé Lin

"Après un surprenant " Peepshow dans les Alpes " que l’on espère revoir prochainement à l’affiche, Jacques David fait une mise en scène tout aussi originale et subtile de " Journée de noces chez les Cromagnons ", du québécois d’origine libanaise Wajdi Mouawad …Les comédiens sont tous, sans exception, magnifiques." Cronic’Art – sortir planches – Anne Calmat

" Journée de noces chez les Cromagnons : explosif " Wajdi Mouawad avait " envie de poser des bombes dans la tête des gens ". Sur ce plan, il a réussi. Certains éclats nous ont touchés. Les comédiens, hagards et survoltés, échangent des propos qui ont la violence et l’incohérence de la guerre elle-même." Le Parisien – 12 mars 1999 – André Lafargue

"En attendant Avignon, Wajdi Mouawad s’offre Paris.Outre l’intérêt d’être joué en France (où il a vécu huit ans), Mouawad a dû accueillir avec joie cette reprise, après la création montréalaise faite par le Théâtre d’Aujourd’hui en 1994… Il y a beaucoup de ferveur et d’intelligence dans cette production bien sentie de " Journée de noces chez les Cromagnons "." Le Devoir (Québec) – Christian Rioux – 8 mars 1999

"Le metteur en scène Jacques David a judicieusement choisi un espace à la géométrie travaillée, ouvert… le parti pris décalé du travail corporel trouve dans l’énergie des comédiens un support idéal." L’Avant-scène Théâtre – Hélène Kuttner – 15 mai 1999 – Actualité théâtrale

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Spectacle terminé depuis le mardi 21 mars 2000

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