Le qualification de tragédie chrétienne soulève l’une des principales difficultés de Polyeucte.
Sommet de l’art de Corneille, la pièce évoque bien en effet le martyre de Polyeucte, chrétien sous l’empire romain, au troisième siècle de notre ère, tel qu’il a été raconté par Surius. Converti par Néarque, Polyeucte, bien que marié depuis peu à Pauline, dépasse comme Rodrigue ou Horace ses attachements sensibles au profit d’un idéal supérieur, ici sa foi nouvelle en ce Dieu persécuté par les Romains.
Pour Péguy, il n’y a aucun doute, Polyeucte est la tragédie chrétienne par excellence. À l’inverse, Claudel, comme déjà certains Jansénistes, voyait dans Polyeucte la poursuite par de nouvelles voies du projet héroïque dont les principaux ressorts demeurent l’orgueil, la gloire, la totale maîtrise de soi, vertus bien peu conciliables selon lui avec l’essence du message chrétien.
La trajectoire de Pauline, qui subit en même temps l’abandon de son mari et le retour de Sévère, son ancien amant, n’est pas moins passionnante mais pas moins ambiguë. Entre le christianisme et le cornélisme n’y aurait-il pas un dilemme… cornélien ?
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