Un jour, grâce à Lorent Wanson, le comédien et metteur en scène Denis Laujol découvre la légende inouïe de Florent Mathieu, cycliste borain de l’après-guerre.
Et devinez ? Denis, avant de se tourner vers le théâtre, a été cycliste de compétition figurez-vous ! Alors les courses, la douleur, le dépassement de soi, le dopage, les extases et les kilomètres de bitume… ça le connait. Il va alors mêler son histoire à celle de Florent Mathieu, un de ces anonymes du peloton qu’on appelle le porteur d’eau, celui qui se sacrifie pour le champion. Un sans grade qui deviendra cependant un véritable héros pour son village de Quaregnon, au coeur du pays minier.
Ce sont ces obscurs qui servent leur leader dans les courses cyclistes : ils le protègent, l’amènent à la victoire, leur filent leur vélo quand le leader casse le sien, supportent leurs excès… Bref, les sans-grades, ces hommes (forts) de l’ombre, …
Denis Laujol s’inspire d’abord de la vie d’un de ces coureurs belges de l’immédiate après-guerre, Florent Mathieu, gloire boraine locale, qui fit plusieurs Tour de France, et dont on inaugura la statue il y a quelques temps sur la place de Quaregnon. Ce gars - une vraie bête- fit demi-tour au sommet d’un col des Alpes, pour récupérer son chef d’équipe qui avait crevé, et grimpa le col une deuxième fois. Il était sponsorisé en nature par son boucher (un steak par course), et voulait à toutes forces que ses enfants échappent à la mine. Avec Porteur d’eau, on plonge dans une époque, ce qui est passionnant, et on passe avec une justesse déconcertante du particulier à l’universel…
Car le spectacle n’est pas la succession d’une série d’anecdotes nostalgiques, tendres et drôles ; Denis a entamé lui-même une carrière de coureur et a remporté plusieurs courses en catégorie jeunes.
Son gabarit faisait de lui probablement un porteur d’eau. Pour échapper à la prise de stimulant, il fait à 17 ans le choix du théâtre. Porteur d’eau - probablement le plus personnel des spectacles de Denis - il le passe majoritairement sur un vélo monté sur des rouleaux d’entrainement, il met en scène son propre personnage, en même temps que celui de Mathieu, part sur une réflexion sur l’héroïsme, le courage, le travail et l’humilité. Réussissant la gageure de la philosophie et de l’humour, Denis fait intervenir Armstrong, Merckx et Sancho Pancha
Rue Braemt 74 1210 Bruxelles