« Oui, qu’est-ce que le temps ? Qui pourrait donner une explication brève et facile ? Et pourtant, qu’y a-t-il de plus familier et de plus connu dans nos conversations que le temps ? … » Cette mise en corps et en espace d’une interrogation qui anime un (jeune) homme très ardent, se présente comme un questionnement intense, à la fois violent et drôle, dans la tradition d’une sorte de comique spéculatif, ou de one-man-show théorique dont les antécédents pourraient être paradoxalement trouvés dans Molière ou Raymond Devos.
Les Confessions de Saint Augustin sont un des écrits les plus célèbres de la culture occidentale. Augustin y invente le genre de l’autobiographie, et livre des souvenirs bouleversants sur son enfance, sa mère, sa conversion, dans une prose très intense.
Mais ce ne sont pas ces aspects qui font la matière du spectacle ici proposé. Dans le Livre XI – un classique de la pensée philosophique –, Augustin pose une question à la fois simple et vertigineuse : Qu’est-ce que le temps ? Il ajoute, dans une formule passée à la postérité : « Si personne ne me le demande, je sais. Si on me le demande et que je veux l’expliquer, je ne sais plus. »
Il a semblé que ces pages, à la fois claires et profondes, étaient une étonnante matière pour une expérience théâtrale. Il s’agit en effet, à la fois d’accompagner cet immense penseur dans sa réflexion, et en même temps de donner corps à celle-ci, de ne jamais lâcher le parti-pris de la diction et de la vision les plus concrètes.
Le spectacle est construit sur une dramaturgie de la pensée : l’acteur cherche à donner à chaque énoncé sa présence scénique la plus claire, et aussi à passer d’une idée à l’autre, non pas seulement par une déduction mentale, mais par une sorte de chemin physique. On s’appuie pour cela sur la forme très particulière du texte d’Augustin, sans cesse adressé à un interlocuteur exigeant et attentif qui se situe à la fois hors de lui et en lui-même.
Cette mise en corps, et en espace, d’une interrogation qui anime un (jeune) homme très ardent, se présente comme un questionnement intense, à la fois violent et drôle – dans la tradition d’une sorte de comique spéculatif, ou de one-man-show théorique, dont les antécédents pourraient être paradoxalement trouvés dans Molière ou Raymond Devos.
Denis Guénoun
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