Carl Herikson, l'irrésistible jeune premier hollywoodien, débarque à Paris. Pour l'accueillir, au Ritz, la journaliste Claudine André, Philippe de Morannes, rédacteur en chef de Paris-Soir et sa maîtresse, la comédienne Paulette Nanteuil. Philippe manifeste un net penchant pour Claudine pendant que Paulette succombe au charme de Carl. Nous y sommes… pas de doute, c’est un quadrille !
Succès parmi tant d’autres de ce maître absolu de la “comédie d’adultère bourgeois”, Quadrille traverse les décennies, tant sur les planches que sur les écrans (souvenez-vous, le film de Valérie Lemercier en 1997), déclenchant sur son passage une cascade de rires et une tempête d’hilarité. L’auteur aux “bons mots” et à l’œil acéré fait encore mouche aujourd’hui. C’est certain, “l’esprit” est une vertu indémodable et le “Maître Guitry” s’avère indispensable dans l’éveil ou le rafraîchissement de nos consciences…
Sacha Guitry a fort bien montré avec quelle facilité des êtres en apparence intelligents, équilibrés, maîtres d’eux-mêmes et des autres (un grand journaliste, une vedette de la scène), peuvent se trouver emportés dans cette farce tragi-comique de la vie, et perdre toute volonté. Les voici soudain flottants, hésitants, à la merci d’un mot ou d’un geste, ne sachant s’ils doivent opter pour la vengeance ou la pardon, le repentir, la révolte, la muflerie, la tendresse, la rupture ou le mariage…
Ce qui subsiste avant tout de ce Quadrille (…) c’est l’amertume d’un coeur blessé (et plusieurs fois blessé) qui se dissimule mal sous le froid cynisme et la logique ironique de Philippe. Sans insister outre mesure, Guitry nous conduit ainsi à nous demander jusqu’à quel point il a fallu souffrir pour prendre son petit déjeuner en plaisantant avec sa future maîtresse, quand celle qu’on a aimée et admirée pendant six ans vient d’essayer de se tuer !...
S’il s’agissait de nous faire rire du spectacle d’un homme qui aime et qui est trahi, la gageure ainsi tentée s’avère parfaitement réussie. Dans toute la production de Sacha Guitry, Quadrille ne serait-il pas précisément l’équivalent de ce Misanthrope que les critiques s’obstineront à lui réclamer ? Nous ne serions pas loin de le croire…
Jacques Lorcey, Sacha Guitry, Cent ans de théâtre et d’esprit
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