A partir de 10 ans.
Dans un pays de l’Est, Dimitri grandit seul. Sa mère est partie travailler en France, tandis que son père fait la guerre dans un pays voisin. Livré à lui-même, l’enfant rêve la nuit de rejoindre les êtres qui lui manquent. Soutenu dans son désir de transformation par sa copine Flora, il se mue en un jeune loup, seul être capable de traverser la forêt… Cette initiation trouvera-telle une issue favorable ? Le jeune homme ne sera-t-il pas rattrapé par la réalité ?
Par la compagnie du Veilleur. Avec la participation d’Evelyne Didi et Michel Quidu.
Dimitri : Je vais traverser la forêt, j’irai à pied et je n’aurais pas peur des loups, parce que je serais un loup moi aussi, je ne serais pas un renard, les renards sautent sur les mines parce qu’ils s’approchent trop des humains. Les loups restent entre eux, cachés dans la forêt, je traverserai la forêt et j’irai de l’autre côté.
« Ce texte d'une très grande richesse, Matthieu Roy l'a mis en scène avec une intelligence et une exigence qui le font décoller du réalisme. Travail sur le son, direction d'acteur : tout concourt à suggérer plutôt qu'à illustrer la dimension fantastique du récit. » Françoise du Chaxel, Théâtre du blog, le 2 mai 2011
Dans un pays d’Europe de l’Est ravagé par une guerre qui s’achève à peine, Dimitri, un garçon de huit ans grandit tout seul. Mira, sa mère est partie travailler en France pour gagner de l’argent tandis que Sandor, son père, continue à faire la guerre dans un pays voisin. En l’absence de ses parents, Livia, une voisine qui travaille de nuit à l’usine, s’occupe de lui faire à manger et de prendre soin de lui.
Souvent, dans ses rêves, Dimitri croit traverser la forêt, accompagné de Skate, sa planche à roulettes, pour retrouver les êtres qui lui sont chers et qui lui manquent. A l’école, il reste avec Flora, sa copine qui noircit avec ses dessins d’animaux sauvages les pages blanches de ses cahiers. Un jour, elle lui propose de le dessiner en Foxie, un renard qui lui ressemble mais Dimitri, lui, préfère les loups. Flora décide alors de dessiner directement sur son visage les traits d’un jeune loup. Les deux enfants se laissent prendre à leur propre jeu et Dimitri se transformera véritablement en un loup pour rejoindre la forêt et les siens.
Christophe Pellet qui a puisé son inspiration dans un phénomène de société, transcende notre réalité en faisant de Qui a peur du loup ? un conte moderne. Dans un univers hostile, les parents responsables brillent par leur absence. Remplacés par une voisine qui joue son rôle de nourrice protectrice, le petit garçon abandonné trouve refuge dans son monde imaginaire où Skate, sa planche à roulettes devient le compagnon de ses aventures. Soutenu dans son désir de transformation par sa copine Flora, il mue en un jeune loup, seul être capable de traverser la forêt. Cette initiation trouvera-t-elle une issue favorable ? Le jeune homme ne sera-t-il pas rattrapé par la réalité ?
Dans cette réalité, les parents seront devenus des ombres, présences évanescentes renforçant leur absence effective dans la vie du petit garçon. Seule la nourrice tisse encore un lien entre le monde des enfants et celui des adultes.
Nous susciterons à l’aide d’outils numériques les sources d’angoisse que représentent pour le petit garçon le souvenir traumatique de la guerre, la proximité de la forêt profonde et la fascination pour la plainte des loups. L’imaginaire de nos spectateurs sera vivement sollicité pour inviter petits et grands à prendre part au voyage de Dimitri, pour ressentir avec tous leurs sens, les étapes du processus qui permettent à chacun de se réaliser et de s’épanouir après l’épreuve.
Matthieu Roy, Mars 2012
Qui a peur du loup ? est la première pièce jeune public de Christophe Pellet. Elle n’en est pas moins fortement en lien avec l’écriture de ses autres textes. Cette histoire d’enfant solitaire, qui tente d’échapper au manque dans ses jeux et dans ses rêves d’état sauvage, est traversée par la tendresse, puis la sensualité du rapport entre les deux enfants.
Elle apparaît comme une suite, une déclinaison de plus de l’univers que Christophe Pellet développe dans ses pièces : un univers souvent sombre, mais pourtant toujours d’une grande douceur, d’une grande délicatesse, fait d’attirances et de bouleversements. La « géographie des humeurs » qui a commencé à se dessiner dès les premières répétitions entre les trois personnages raconte cette dimension importante de l’écriture de Pellet : des relations humaines mouvantes, changeantes, pouvant basculer à n’importe quel moment dans le rire comme dans les larmes. Qui a peur du loup ? n’est jamais dénuée d’humour, et les personnages y suivent de vrais objectifs pleins de vivacité (traverser la forêt, changer le monde), mais les fantômes du théâtre pour adulte de Pellet ne sont jamais loin et observent ces enfants du coin de l’œil, avec tendresse.
Cette délicate ambivalence propre à l’auteur est mise au service des schémas du conte, et de la dimension initiatique de l’histoire de Flora et Dimitri.
Tout au long de la pièce, chaque personnage projette quelque chose sur la forêt qui entoure la maison et le village, et sur les loups qui petit à petit se rapprochent des maisons. La façon dont Livia regarde par la fenêtre avant de retourner travailler à l’usine, dont Dimitri se sent appelé par la forêt, dont Flora voudrait changer les petits garçons en animaux, puis dont elle attend, pendant plusieurs années, le retour de Dimitri, sont autant de rapports au monde, à un pays dont on ne peut s’échapper, avec lequel il faut composer, bordé de terres inconnues, aussi attirantes que menaçantes. On entend aussi comme la violence du loup se superpose dans les imaginaires à celles des hommes qui ont terminé une guerre pour aller en poursuivre une autre ailleurs, tandis que les femmes pourvoient au quotidien et que les petites filles, avec des dessins et beaucoup d’imagination, aimeraient rendre inoffensifs les garçons qui les entourent.
La force du texte de Christophe Pellet est de développer conjointement tous ces points de vue, et de toujours nous donner le choix entre plusieurs visions de la réalité. Le spectateur pourra donc choisir, selon son âge, sa propre expérience du monde et sa perception du spectacle, de suivre le point du vue de l’un ou l’autre personnage, notamment dans la scène où Flora assure que Dimitri s’est transformé en loup avant de s’enfuir et que Livia ne la croit pas. De la même façon, la mort du petit loup à la fin peut être lue à la fois comme réelle et métaphorique.
Le loup est un ennemi héréditaire pour le père, un ami ou un allié pour les enfants. Il est en tout cas l’élément par qui l’émancipation peut advenir, la vie reprendre son cours après la guerre, les enfants grandir, les deuils se faire. Les jeunes spectateurs auront sans doute chacun une réponse différente à nous apporter : faut-il vraiment avoir peur du loup ?
Mariette Navarro, Mars 2011
59, avenue du Général de Gaulle 93170 Bagnolet
Voiture : Porte de Bagnolet, à 300 m direction Bagnolet/Montreuil