Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris.
Alliage sensible entre chorégraphie et documentaire, les pièces du chorégraphe Rachid Ouramdane s’attachent au singulier. Chacune d’entre elles interroge la construction des affects des personnes qu’il rencontre. D’emblée, il privilégie l’image vidéo comme un moyen d’atteindre la subjectivité de l’autre et son imaginaire. Les dispositifs scéniques intègrent des interviews filmées comme une parole immédiate et spontanée qui entre en résonance avec les présences sur scène. Dans ce dialogue, se côtoient des fragments de vie et de mémoire mêlés aux corps en mouvement.
Avec sa nouvelle pièce Des témoins ordinaires, Rachid Ouramdane débute là où son précédent solo Loin… l’avait laissé, face aux traces laissées par les violences de l’Histoire. Il a rencontré des personnes ayant subi des actes de torture et les a questionnées sur leur rapport à la vie, aux autres et à l’acte de témoigner.
Sur scène, cinq silhouettes marchent et se croisent. Elles marquent le temps qui s’étire avec leurs lents déplacements. Des voix se font entendre, des visages d’anonymes apparaissent sur des nappes de brume et viennent se mélanger à ces corps. Dans un coin, l’un d’entre eux s’effondre, et fond lentement sur le sol. Notre regard se perd devant la métamorphose en direct de ce corps effondré.
Dans Des témoins ordinaires, Rachid Ouramdane met en scène des voix et des visages filmés qui racontent les violences subies et les stigmates laissés dans les corps et les imaginaires. Les corps en scène font résonner les mots, se tordent et se disloquent jusqu’à la limite du regardable. Dans l’espace vide de la scène, c’est l’histoire de l’humanité qui se reflète. Les histoires singulières et la grande Histoire s’y entremêlent. Comment témoigner de cet indicible ? s’interroge Rachid Ouramdane. Les interviews projetées sur scène nous rappellent que l’Histoire se répète inlassablement. En interrogeant l’acte même du témoignage, Rachid Ouramdane fait écho à une certaine actualité, à notre époque du « tout dire», où le témoignage individuel est surexploité.
Il propose une réflexion sur les frontières entre l’humanité et la barbarie, mais aussi entre soi et les autres.
Erell Melscoët
Vidéo Jenny Teng et Nathalie Gasdoué
Musique Jean-Baptiste Julien
Lumières Yves Godin
41, avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers
Voiture : Porte de Clichy, direction Clichy-centre. Tout de suite à gauche après le Pont de Clichy, direction Asnières-centre.
A 86 Sortie Paris Porte Pouchet. Au premier feu tourner à droite, avenue des Grésillons.