Dans le cadre du Festival d'automne 2011.
« Jeter son corps dans la bataille » est une phrase de Pasolini que Raimund Hoghe cite encore et toujours. Ce corps-là, bien sûr, c’est le sien : fragile souvent, impuissant parfois, petit et bossu, mais d’une certaine façon toujours vaillant. Raimund Hoghe, longtemps dramaturge de Pina Bausch, se met en scène depuis une quinzaine d’années : d’abord en solo dans des œuvres lentes et contemplatives, à teinte autobiographique, et puis bientôt entouré d’autres danseurs.
Son nouveau Pas de deux qu’il dansera en compagnie de Takashi Ueno poursuit son exploration, et surtout sa réinterprétation, de l’histoire de la danse qu’il a entamées avec Le Lac des cygnes, L’Après-midi d’un Faune ou Le Sacre du printemps. Le pas de deux, qui fut le clou de tant de livrets déchirants dans tant de ballets classiques, est au fond une forme intime parfaitement adaptée à l’esthétique recueillie de Hoghe. Déjà, sa bouleversante version du Sacre n’était qu’un long pas de deux avec l’un de ses interprètes fétiches, Lorenzo De Brabandere.
Ce qui faisait l’originalité du Sacre version Hoghe, c’était que, par un recours très calculé à l’étirement du rituel, à la géométrie des parcours et à la répétition des gestes, les deux danseurs avaient l’air de danser l’un à travers l’autre, comme toujours reliés en miroir l’un à l’autre, et d’inventer ainsi et ensemble une autre définition gestuelle de l’amour. Nul doute que ce nouveau Pas de deux avec Takashi Ueno explorera à son tour, dans le vocabulaire tout en répétitions obsédantes qui est propre à Raimund Hoghe, les merveilleuses puissances de l’amour.
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