Sextuor Banquet

Paris 18e
du 25 au 26 mai 2005

Sextuor Banquet

Laure, Brigitte, Corinne, Louis, Orazio, Roger : ils sont jeunes, brutalisés, agressifs, bouffés par l’amour, en manque jusqu’au trognon. Un « petit boulot » : servir, pour une nuit, à un banquet de vieux, des intellos. C’est pas eux qui diraient troisième âge.

La pièce
Extrait
Note d’intention
Premières notes de mise en scène
La compagnie Gochka

« Laure, Brigitte, Corinne, Louis, Orazio, Roger : ils sont jeunes, brutalisés, agressifs, bouffés par l’amour, en manque jusqu’au trognon. Un « petit boulot » : servir, pour une nuit, à un banquet de vieux, des intellos. C’est pas eux qui diraient troisième âge.

L’écriture d’Armando Llamas prend des bouts de collage, « comme dans la vie », de la langue des quais de métro et des consignes de sécurité, et elle invente le lyrisme authentique et fatigué de son sextuor épuisé, après le service. Là, on se dit tout, tout ce qu’on dit quand le temps s’étire aux petites heures de la nuit, et que le jour et l’autobus qui arrive enn renferme sous son couvercle quelque chose comme une chanson des Rita Mitsouko, brève, en couleurs, tonique, dissonante, et qui, comme toutes les pièces d’Armando Llamas, va plus loin qu’elle n’en a l’air. »

Christine Friedel

Le texte est publié aux éditions Michel Chomarat, 1991

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Roger : « Je m’étais démerdé pour que ce jour-là, mes parents soient pas là, et puis, effectivement elle arrive, heu, dans une petite robe et tout, printemps quoi, vachement à fleurs et en fait ce n’était pas aussi simple que ça, c’est-à-dire on a commencé à se palucher à se caresser et puis et puis à un moment donné, j’ai senti qu’avec elle c’était possible, alors que d’habitude,  toutes les filles disaient, non, pas ça, non, non, Roger s’il te plait, comme ça, et Nathalie, elle s’appelait Nathalie, elle avait pas dit non, alors j’ai continué, j’ai continué, et puis je la pénètre et là, tout d’un coup dans ma tête je me dis, ça y est, quel pied génial, heu, tu vois, quel pas, j’ai marché sur la Lune, quoi, non, tu vois, tout d’un coup tu entres dans un autre monde - et je ne sais pas si j’ai dû faire deux allées et venues, quoi, tu vois ? Tout d’un coup tu viens de découvrir E égale MC2, je t’assure, tu jouis, tu dis, tu dis on arrête, on arrête, c’est trop fort pour une première fois. »

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Le texte met en scène six jeunes, engagés le temps d’une soirée pour assurer le service lors d’un banquet. Deux grands mouvements structurent la pièce :
- les deux premiers actes nous plongent dans l’univers de la restauration, au coeur de cette expérience de l’urgence et de l’épuisement propre au métier de serveur. Il s’agit ici de s’interroger sur une certaine servitude moderne dissimulée derrière la banalité d’un uniforme ou d’un interphone. Les images s’éloignent du réalisme pour aller vers l’absurde.
- au troisième acte, les personnages s’abandonnent : la pression retombe et l’alcool envahit la scène. Jusqu’au petit matin, ils trinquent, chantent et se dévoilent. A force de rires et de condences, une intimité se crée. Le contexte de la restauration n’est plus présent qu’à travers la fatigue latente. Une dimension plus profonde prend le dessus, celle de la solitude et de la quête d’identité.

Sextuor Banquet nous offre une écriture moderne, à la fois quotidienne et surprenante : le langage est celui de la rue, hésitant, chaotique, tantôt incorrect tantôt lyrique, bourré de tics. Or le texte se caractérise également par son humour, à la fois tendre et grossier, un humour décalé aux répliques incongrues. Il peut être le signe d’un malaise, d’une agressivité ou d’une détresse ; mais il se place avant tout au service d’une rencontre entre personnages et spectateurs, avec le rire pour instrument.

L’interprétation des comédiens respecte les mouvements de l’écriture : le jeu n’est pas théâtral, le texte est restitué sur un mode naturaliste, à la limite de l’improvisation et de l’incident. Dans un cadre familier et profondément actuel, celui de la restauration et d’une jeunesse parisienne d’aujourd’hui, le spectacle instaure une atmosphère intimiste, parfois troublante de vérité et de réalisme. Or avec la mise en scène d’une routine, d’un lieu quelconque, de figures ordinaires, il s’agit à la fois de provoquer un sentiment de déjà-vu, et de dégager de cette banalité quotidienne une dose de poésie et d’émotion.

Au cours du spectacle, la théâtralité va naître peu à peu, le réalisme va se dissoudre pour laisser place à la fantaisie. Ce glissement s’opère à travers les mots, les corps, ou encore les objets, dont la fonction triviale est d’abord appliquée puis détournée ; un banc, des sacs poubelles ou des cigarettes prennent vie et donnent forme à une poésie insoupçonnée.

La musique occupe une place centrale, elle est un instrument poétique de poids, car elle transforme le service en une danse et l’attente en une émotion. Elle accompagne les personnages et leur déambulation nocturne dans une langue étrangère, un peu râpeuse ; entre ballades et chansons populaires, c’est un chanteur tchèque qui berce de sa voix grave l’humour et la fatigue de cette nuit sans fin... Une nuit qui ressemble à un croquis au fusain, gris et fugitif ; mais au détour d’un regard ou d’un rire, le gris se teinte de rosé, la vie se défait de sa banalité.

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Nous prenons le parti d’un plateau dépourvu de décors : le seul élément introduit dans cet espace aux contours élastiques est un banc, sorte de pôle d’attraction autour duquel gravitent les personnages. Selon son positionnement dans l’espace, et au moyen du jeu des comédiens, ce banc définira les différents lieux de la pièce : l’arrêt de bus, les vestiaires, le foyer, la salle...

Les tenues de ville des personnages sont des vêtements d’hiver, doudounes et gros pulls, mais aussi minijupe et baskets. Le noir et le gris dominent, seule Laure arbore un jupon en tulle rose, telle une petite princesse urbaine déchue. La tenue de serveur est une sorte de combinaison composée de sacs poubelles que les personnages enlent avant d’entamer leur course folle.

Le service mis en scène à l’acte 2 s’illustre par une déambulation vertigineuse et chorégraphiée des serveurs : des mouvements et actions dénuées de sens secouent les corps harassés. L’arrivée des commandes est annoncée par une sonnerie brutale et répétitive, qui accentue les sensations de stress et d’urgence.

L’acte 3 se caractérise d’abord par l’ivresse des personnages, par une dissolution des corps et des mots. Sur un air d’harmonica dansent six pantins imbibés de rêves et d’alcool. Atmosphère de vapeurs et délires, phases hallucinatoires. Puis se succèdent les confidences, tantôt en groupe, tantôt dans l’intimité d’un tête-à-tête. L’action laisse la place à la parole, l’espace et le temps se brouillent.

Enn le spectacle s’achève sur six corps échoués, suspendus entre bitume et ciel étoilé.

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Les cinq membres fondateurs de la compagnie se rencontrent en 2001 aux cours de Raymond Acquaviva, où ils participent ensemble à une lecture mise en scène par Anna Smolar, Le repas de Novarina. Gochka est créée en septembre 2002, et se constitue autour d’un premier spectacle, Les Larmes amères de Petra Von Kant de Fassbinder. Le spectacle, présenté au Festival de Sartrouville et au Sudden Théâtre, rencontre un succès auprès du public comme auprès des professionnels.

C’est à la suite de cette expérience que la compagnie décide de monter L’île des esclaves de Marivaux, et de confronter son goût pour la modernité au langage classique du 17e siècle. Le spectacle se joue durant cinq semaines consécutives en automne 2003, au Sudden Théâtre.

La création de Sextuor banquet en 2004 marque un retour à la littérature contemporaine : aux thèmes mouvementés de la passion destructrice et de l’esclavage succède une fantaisie, quelques grammes de poésie déjantée sur un air d’harmonica.

Pour l’année 2005, la compagnie désire mettre en place un travail autour des nouvelles dramaturgies issues de l’Europe de l’Est, et en particulier de la Russie et de la Pologne : il s’agit de promouvoir la littérature de ces pays auprès du public français, à travers des lectures et des créations, mais aussi d’établir une collaboration avec des compagnies russes et polonaises, an d’organiser des projets en commun, des échanges.

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Sélection d’avis du public

Sextuor Banquet Le 24 mai 2005 à 00h57

La Cie Gochka reprend la pièce au Sudden Théâtre, je les ai vu l'année dernière, j'ai beaucoup aimé la mise en scène de Anna Smolar. J'ai trouvé les comédiens incroyables de justesse, de sincérité... je vous le conseille, allez-y!!!! c'est drole, touchant, et dur a la fois... allez-y je vous le conseille vraiment!

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Sextuor Banquet Le 24 mai 2005 à 00h57

La Cie Gochka reprend la pièce au Sudden Théâtre, je les ai vu l'année dernière, j'ai beaucoup aimé la mise en scène de Anna Smolar. J'ai trouvé les comédiens incroyables de justesse, de sincérité... je vous le conseille, allez-y!!!! c'est drole, touchant, et dur a la fois... allez-y je vous le conseille vraiment!

Informations pratiques

Sudden Théâtre

14 bis, rue Sainte Isaure 75018 Paris

Spectacle terminé depuis le jeudi 26 mai 2005

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