Tout spectacle engage chez le spectateur une série de jugements sur ce qu’il voit : jugement de qualité, jugement moral, politique, esthétique, mobilisant ses émotions, ses grilles de lecture.
Par un jeu de renversement ironique, Simone Aughterlony et son compère Thomas Wodianka jouent leur propre procès, et font de ce jugement continu l’objet de leur performance. Comme si la salle bruissait de pensées qu’ils attrapaient au vol, Simone et Thomas se justifient ; gênés, amusés, ils mélangent déclarations artistiques et excuses, essayant de prouver leur innocence, leur bonne foi. « Bien sûr, vous ne comprenez pas les choix que nous avons faits, parce que parfois, dans un processus artistique, des choses inexplicables se produisent... » explique Simone. Avec un humour acéré, ils se moquent des idées reçues- celles du public comme celles des artistes.
Nous devenons à la fois juges et témoins, sommés de démêler le vrai du faux, « parce que nous vivons dans un monde d’effets, et il est facile de devenir complaisant et paresseux au sujet de ce que vous voyez ». Mais l’exercice du discours est à double tranchant. Le rire peut vite déraper, l’ironie se retourner contre elle-même. Comme si l’engagement physique était la seule preuve de sincérité laissée à l’artiste - sa peine et son salut - ils se mettent à danser jusqu’à l’épuisement, de la voix, des muscles, du souffle. Oscillant sans cesse entre la dérision et le sérieux, cette performance dessine une critique de “l’entertainment” généralisé, dans une société où l’artiste est sommé de provoquer une réaction à tout prix.
Gilles Amalvi
9, bd Lénine 93000 Bobigny
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