« Il s’élance en riant, il tombe, il se débat, il gesticule. Ce n’est rien, c’est tout, c’est Polichinelle. L’histoire de Polichinelle, c’est l’histoire entière de l’homme avec tout ce qu’il a d’aveugles croyances, d’aveugles passions, d’aveugles folies et d’aveugles joies. » Charles Nodier
Fable théâtrale pour comédiens et marionnettes
Un spectacle singulier, décapant et drôle
Note de l'auteur
Une brève histoire de Polichinelle
Et si Polichinelle avait une vie à lui, un passé – mieux, des parents, pire, une conscience ? Impossible, dira t-on, c’est un pantin, et de la plus sommaire espèce. Mais si Polichinelle n’a pas d’histoire, il en créera une, à son image : il se fabriquera des géniteurs, une enfance malheureuse, une carrière, un succès, et même, pour lui donner la réplique, un directeur de théâtre « itinérant ».
Un directeur de théâtre itinérant compte ses sous à une petite table pendant que le public s’installe dans les fauteuils. Il attend avec impatience celui qu’il a loué pour la soirée, le grand Polichinelle et son numéro.
Polichinelle débouche soudain par la coulisse, poursuivi par un étrange personnage invisible qui s’avère être son fantôme, sa conscience, qui lui demande des comptes sur sa vie sans morale, sans délicatesse, jusque sur la scène du théâtre où il gagne sa vie de forain.
Plus question alors d’enchainer sur un numéro bien appris, Polichinelle, tarabusté par les questions indiscrètes du directeur, doit improviser là devant nous, avec le seul sou-tient de son bagout légendaire, de son masque et de quelques marionnettes sorties d’u-ne valise qu’il enfile sur ses mains à l’occasion.
Il se met à raconter sa vie, la rencontre amoureuse de ses parents dans une auberge, le bébé qui en suivit, vite confié à une épou-vantable nourrice qui faute de mensualités le maltraite et le fait travailler, l’école, autre lieu de maltraitance et d’humiliations…
Chaque épisode est l’occasion de digressions avec le public, de commentaires contempo-rains, peu soucieux du bien-pensant (rebaptisé « politiquement correct »), nous dirons même calibrés pour provoquer, déranger, secouer, et naturellement faire rire, car Polichinelle est un cabotin, c’est son plaisir.
Arrivé à l’âge adulte nous le voyons peiner à draguer une fille sur un banc, qui l’envoie paître (« pourquoi ne suis-je pas beau ? »), le laissant, envahi de désir, à son plaisir solitaire…
C’est le moment dont profite le Diable pour essayer de lui vendre sa camelote de cynisme. Peine perdue, Polichinelle n’est pas un salaud, sa morale bien que mal dégrossie est avant tout sentimentale. Le Diable alors s’estompe pour laisser la place à deux au-tres tentatrices, La maladie et La Mort, chargées, tout en chantant une version détour-née des « soeurs jumelles », de l’effrayer avec la décrépitude et le futur squelette que nous sommes tous. Elles en profitent pour terroriser aussi le public et le directeur de théâtre.
Polichinelle s’en débarrasse (c’est lui qui tient les marionnettes !) mais pas du petit squelette qui pointe son nez et qu’il accepte de raccompagner en lui tenant une main, le directeur l’autre, dans un trio onirique qui nous rappelle peut-être que nous sommes solidaires devant la mort, et qu’à tout prendre nous pourrions l’être devant la vie…
Parler de son propre texte est un exercice un peu schizophrène.
Je préfère parler du travail, et de la commande que m’a faite Renaud Robert.
Ecrire pour un Polichinelle, écrire pour des marionnettes, je ne l’avais jamais fait.
J’avais toujours pensé acteurs, personnages, même s’il s’agissait d’animaux.
Ce qui m’a donné une immense liberté à l’intérieur de la contrainte c’est d’une part l’idée du masque, d’au-tre part l’idée que Polichinelle est certes multiple mais qu’il est INCORRECT.
J’ai pensé à UBU Roi qui a toujours été une pièce fétiche pour moi, j’ai pensé à Falstaff. J’ai pu faire parler et même chanter la Mort, je me suis donné le droit de mélanger les genres, réalisme, onirisme, vers, prose, cabaret, citations (vraies ou fausses), j‘ai pris le droit de me moquer du théâtre, d’un directeur de théâtre.
Avec moi Polichinelle est donc inconstant, bavard, grossier, sexiste même à plaisir, il se laisse aller, bref il est provocateur MAIS il est aussi fragile ( il a une histoire passée qui l’obsède, l’abandon par ses parents dans l’enfance, sa recherche d’une femme et de l’amour malgré sa laideur), il affronte avec courage (ou témérité, ou inconscience ! ) une société où la résistance et la rébellion sont punis, il n’a pas la langue dans sa poche.
Tout ça me permet à moi l’auteur d’exprimer, aussi sous un masque, quelques idées incorrectes qui me démangent, quelques vérités paradoxales qu’on ne livre qu’entre familiers parce que « ça ne se dit pas » ailleurs !
La commande avec ses contraintes m’a permis un grand exercice de liberté…
Jean Gabriel Nordmann, septembre 2008
Ce héros européen est né à Naples (Pulcinella) au XVIème siècle. Il apparaît en France sous le nom de Polichinelle pendant la fronde dans des mazarinades, puis sur les tréteaux des troupes de théâtre franco-italiennes qui se produisent dans les foires. On le voit aussi chez Molière.
Il se transforme ensuite en marionnette. Il a alors deux bosses, une trogne enluminée, des yeux effrontés, un nez crochu, un menton en galoche et un beau costume coloré. Éternel bavard et diseur de vérités, rien n’arrête ce personnage indiscipliné, goinfre et grossier. Jouant du bâton et chantant, il se débarrasse de tous ses opposants ; et si la mort s’en mêle, il la bastonne !
Polichinelle, immortel rebelle à l’humour féroce, se retrouve dans le Punch anglais, le Kasperl allemand, le Karagöz turc, le Don Cristobal espagnol, le Petrouchka russe et dans bien d’autres bâtards et cousins, descendants prolifiques du Pulcinella napolitain.
c'est un trés bon spectacle !!!! trés bon texte , allez y , Vraiment ......
c'est un trés bon spectacle !!!! trés bon texte , allez y , Vraiment ......
15, rue du Maine 75014 Paris