Prends tes distances vis-à-vis des livres. Tripote enfin autre chose que des oeuvres.
Dans un métro qui traverse le monde et l’histoire, un homme sauvage s’adresse à ses congénères. Chroniques d’une haine de l’individu empêché dans ses accomplissements par les vernis sociaux. C’est toute une poétique de l’insulte que l’homme édifie en sous-sol. Il s’adresse à tous, un par un.
Chacun son portrait, poème incandescent. Gueulante d’orfèvre, jusqu’à ce que le principe de l’invective se retourne contre lui, et qu’une femme vienne en miroir terrasser ce dragon, ennemi du peuple surgi dans le souterrain.
Christophe Perton met en lumière ce noir objet dans un espace fait de transparences. Cri dans l’obscurité, imprécations fauves et mélancoliques, Souterrainblues est un inclassable roc poétique, où la beauté du verbe fouille dans un blues acide les vérités des êtres. Langue à vif, obscène et fascinante, mots crus à l’humour ardent, c’est une ode fulgurante à la vérité, une quête éperdue de beauté.
Écrivain prolifique, dramaturge, scénariste de Wim Wenders, traducteur et réalisateur, notamment de La Femme gauchère, l’Autrichien Peter Handke s’installe en France dans les années quatre-vingt-dix. Pour le théâtre, il signe Outrage au public, La Chevauchée sur le lac de Constance, Les gens déraisonnables sont en voie de disparition. Le cinéma lui doit le scénario des Ailes du désir. Auteur d’une quarantaine de romans, il déclenche une polémique d’une violence rare lors de ses prises de position en faveur de la Serbie, et lors des obsèques de Miloševic.
Pour le metteur en scène Christophe Perton, aguerri à son oeuvre dense, intense et brûlante, l’écriture de Peter Handke « est chaque fois une expérience singulière, une musique, un rythme qui mêle les pulsations humaines à celles de la nature, une épopée où sourd un hymne joyeux à la vie ».
Écrit en 2002, Souterrainblues illustre absolument cette quête intense de vérité.
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