Chorégraphe, performeur et plasticien, Steven Cohen a développé une œuvre hors-norme faisant de son corps métamorphosé un manifeste esthétique et politique. Après avoir traversé un bidonville de Johannesburg vêtu d’un lustre dans Chandelier, piétiné de la vaisselle comme autant d’os écrasés dans Golgotha, partagé la scène avec sa nounou dans The Cradle of Humankind, il poursuit son art très politique de la déambulation et sa confrontation avec les violences intimes ou collectives dans cette œuvre majeure créée en 2017.
L’artiste y apparaît seul en scène, juché sur des souliers à plateformes constituées de deux cercueils, foulant un sol jonché de pointes de ballet ornementées d’objets rares et précieux, en référence au danseur classique qu’était Elu. Aidé de gigantesques béquilles, sous une lumière vacillante, il cherche un équilibre dans les sombres marées du deuil. Sur un écran apparaissent les images sanglantes d’une performance réalisée dans un abattoir. Au milieu des fantômes, Steven Cohen se livre à un rituel aussi intime que radical pour inscrire l’être aimé dans sa chair.
En repoussant les limites du spectaculaire, il interroge les possibilités de son art pour matérialiser les épreuves du corps et de l’âme auxquelles nous soumet la survenue de la mort, et donne pleinement à voir ce que cette condition a d’universel.
Place Georges Pompidou 75004 Paris