Des merveilles d’autrefois, il ne reste rien. Plus de moutons à cinq pattes, de phénomènes bizarres, de monstres, de mystères ni de miracles constatent, désabusés, les deux complices de Système Castafiore. Aujourd’hui, on explique tout et on ne comprend rien. Seules les religions, avec leur cortège d’obscurantistes, ont le monopole de l’au-delà. Heureusement, il reste l’art du spectacle, dont ces deux magiciens de l’imaginaire ont fait depuis vingt-sept ans une expérience totale.
Découvrir l’une de leurs créations, c’est à chaque fois pénétrer dans un univers à part avec sa langue, ses traités, ses images et ses sons, où seule l’imagination a droit de cité. Celle-ci n’échappe pas à la règle. Elle convoque tous les ingrédients d’une magie inventive : des images vidéo, des effets de 3D, des mètres de tulle blanc, des masques, un madrigal anglais du XVIe siècle, une conférencière virtuelle lisant quelques extraits des écrits de Bertrand Russell, Richard Feynman ou Henry Miller, et un habillage de « sfumato électronique », pour démontrer brillamment que « le réel, c’est ce qui n’existe pas ».
Cinq danseuses donnent corps à cet univers onirique, fabriqué et manipulé à vue depuis le plateau. Deux chanteuses les accompagnent et interprètent des airs envoûtants, dirigées par Karl Biscuit. En seize tableaux et autant de prodiges, on revisite l’histoire du cosmos autrement. Loin, très loin du savoir et des explications rationnelles. Mais au plus près de la transcendance, des fantômes et des licornes. Place à la fantaisie et à la beauté !
Isabelle Calabre
« La théorie des prodiges est un voyage extrêmement poétique et philosophique, où seuls des éléments rendus magiques par la force du verbe et de l'image servent de repères. Dès la première scène et jusqu'aux derniers tableaux, on nage, on vogue dans l'éther, dans l'inconnu, dans le rêve, dans le merveilleux. La scénographie riche en surprises, les beaux décors sans cesse changeants, la vidéo magique, les vapeurs oniriques, les costumes, les six danseuses que les effets techniques multiplient à profusion : tout fait de cette Théorie des prodiges un enchantement spectaculaire porté par une dimension poétique d'une qualité rare. » Raphaël de Gubernatis, L'Obs, 31 mars 2017
« Oscillant entre la physique et la métaphysique, La Théorie des prodiges fait surgir sur le plateau le loufoque et le baroque, et réussit l'exploit de traverser obliquement les mondes parallèles, de tricoter le réel et l'imaginaire. Sur la planète réenchantée par Système Castafiore, on entend les voix totalement séraphiques de Camille Joutard et Maeva Depollier dans des airs médiévaux ou baroques, on découvre des animaux admirables comme le grand cerf blanc ou les licornes torsadées, on voit l'univers sous un nouveau jour et on comprend enfin les mathématiques. La danse s'accorde à merveille à ces contrées fantasmatiques, à ces décors légers de souffle et de tulles, tissés de projections et de lumières. » Agnès Izrine, Dansercanalhistorique, 4 novembre 2016
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