Dans Pièce(s) détachée(s), il n’y a pas d’histoire mais de multiples fragments d’histoires qui se croisent et se juxtaposent sans aucun raccord. La construction inspirée du cut-up cinématographique emmène le public dans un zigzag continu, à lui de faire le lien. Constituée d’éléments très théâtraux et d’autres très abstraits, cette pièce est un zapping entre humour et gravité dans un monde délirant de faux-semblants.
“Des corps au repos s’éveillent, angoissés, dans une atmosphère hitchcockienne. Viennent des courses précipitées, incertaines, auxquelles succèdent des cris, qui eux-mêmes précèdent le calme avant une nouvelle tempête (...) Plus tard, tout le monde danse joyeusement sur Dancing cheek to cheek, en brandissant bien haut une table de camping. Et Lady Macbeth apparaît sous les traits d’un cendrier-cylindre”... écrit dans la Voix du Nord F. Labendzki à propos de Pièce(s) détachée(s) de Toméo Vergès.
“Je ne sais pas combien de fois la table jaune est passée, mais je crois pouvoir répondre avec certitude qu’une plante verte y était scotchée, et il m’est venue l’idée (tout à fait farfelue j’en conviens mais il me semble que vous ne m’en tiendrez pas grief) qu’en déplaçant la question du nombre de passages de la table jaune à : “pourquoi la plante verte a-t-elle été scotchée justement sur cette table jaune, cette idée, après réflexion, pourrait constituer un indice supplémentaire”... a écrit, s’adressant à Toméo Vergès, une spectatrice anonyme, parfaitement en phase avec son ironie surréaliste, “au bord d’un gouffre gore.”
De quoi s’agit-il ? De la façon, évidemment incohérente, dont, au quotidien, réagissent aux étranglements du stress, les êtres humains en général, et (écrit Rosita Boisseau dans Le Monde), “un homme apparemment bien sous tous rapports, qui sort tout à coup de ses gonds. De cette bouffée délirante aussi drôle que terrifiante, notre homme sort lessivé (...) Toméo Vergès a le sens du silence, celui qui fait monter d’un cran l’adrénaline et le suspense, enflant les bruits les plus innocents jusqu’au cauchemar. Heureusement, celui-ci vire souvent au burlesque (...) Pour survivre dans ce monde de dingues, que faire sinon danser !”
Mais naturellement, au fond, c’est tout simple.
63, rue Victor Hugo 93100 Montreuil