Chris et Kitty, deux femmes d’aujourd’hui, se rencontrent pour fonder une troupe de majorettes traditionnelles. L’une est majorette, l’autre musicienne. La première a besoin de la seconde pour avancer. Toutes deux voudront réaliser leur rêve et « puisqu’elles n’ont plus rien à perdre », elles feront tout pour y arriver !
Dans mon village, dans les Vosges, il y avait une équipe de basket, un club de boxe et des majorettes. J’ai donc fait des majorettes ! Puisque j’étais la plus petite, je suis devenue la mascotte. Je me souviens du sentiment de fierté que je ressentais, en tête de cortège, avec, derrière moi, mes partenaires de jeu, des musiciens, des chars et tout un public applaudissant sur « mon » passage.
Avec le recul, je suis maintenant intriguée par tous les paradoxes qui décrivent ce mouvement. Je voudrais comprendre pourquoi les majorettes peuvent être victimes de tant de rejet. Est-ce la confrontation entre l’aspect martial du phénomène et celui purement festif qui déroute tant ? Ou alors serait-ce d’assister au défilé de très jeunes filles parfois peu vêtues, sous le regard souvent lubrique d’hommes qui pourraient être un père ou un frère ? Pourquoi être majorette ? Ce qui me marque, immédiatement, lorsque je rencontre aujourd’hui des majorettes, c’est la joie sincère qu’elles ont de se retrouver entre filles, et de défiler pour une ville, telles des ambassadrices venues colorer un cortège qui serait bien triste sans musique, sans danse et sans paillettes. Quel investissement de leur part ! Répéter plusieurs fois par semaine, consacrer ses week-end à la parade, défiler par tous les temps et avec le sourire ! Plus qu’un engagement, c’est un dévouement, une tradition qui se transmet de mère en fille. Sans oublier ceux qui sont dans les coulisses.
Une troupe, c'est une ruche qui bourdonne. Ce sont des bénévoles, des parents, des amis qui s’entraident. Tout le monde s’y met. L’un fera les costumes, l’autre s’occupera de diffuser la musique pendant un gala, un autre guidera le bataillon pendant le défilé, et j’en passe. Pour moi être majorette, c’est encore vouloir être ensemble et se battre contre l’individualisme qui touche notre époque. Alors à quoi rêve-t-on quand on est majorette ?
Le spectacle s’introduit par une émission de télévision des 60’s, il glisse ensuite dans les 70’s, âge d’or des majorettes en France, puis il commence réellement en 2016, avec l’arrivée de Chris et Kitty, deux femmes d’aujourd’hui. Chris est majorette, mais elle est seule. Abandonnée par ses partenaires, elle décide de passer une annonce dans un journal local dans l’idée de reconstituer une troupe, « comme avant ». Kitty, elle, est musicienne et ne sait pas du tout ce que veut dire être majorette, mais après tout quelle importance. Elle aussi voudrait être quelqu’un. À deux, elles vont tout faire pour réaliser leur rêve d’enfant, jusqu’à cette envie folle de faire un tour de France pour former des bataillons de majorettes, en seulement 48h, le temps d’un rêve, « d’une performance patrimoniale ».
Avec humour et tendresse, le spectateur assistera à des performances de bâton, à des chorégraphies endiablées et battera la mesure au son de chansons populaires interprétées en direct. Après ça, c’est promis, il saura tout ce qu’il voulait savoir sur les majorettes !
Virginie Maillard
1, avenue Junot 75018 Paris