Après avoir beaucoup travaillé sur le digital et la manière dont il peut s'articuler au champ chorégraphique, Tzeni Argyriou met ici au centre le corps « analogique », et la danse comme expérience collective et partagée. « Si les réseaux sociaux nous procurent le sentiment d'une présence constante sur le plan digital, ainsi que celui de la liberté d'interactions et d'autonomie, ils rendent aussi manifestement nos interactions physiques plus faibles ou problématiques » dit-elle.
Ce sont ces interactions qu'elle entend remettre en jeu dans ANΩNYMO, pièce pour sept danseurs qui s'appuie sur des formes traditionnelles et folkloriques. En puisant sa matière dans des figures archétypiques, la chorégraphe ramène ainsi sur le devant de la scène des éléments qui appartiennent à une culture avant d’être une affirmation artistique individuelle.
Comment faire partie d’une masse et toujours ressentir sa force individuelle ? Comment peut-on danser ensemble lorsque nous ne nous connaissons pas ? Peut-on devenir un unique corps synchronisé constitué de plusieurs parties individuelles ? Autant de questions que Tzeni Argyriou aborde avec des gestes simples, en prêtant une attention particulière aux mécanismes qui retiennent et touchent les corps, et en explorant des configurations collectives comme la ronde, la farandole ou la danse à deux, créant des chemins poli-rythmiques faits de mouvements et de connexions, où peuvent surgir soudain un téléphone portable. La chorégraphe fait ainsi dialoguer les écrans et les corps, l'espace traditionnel et l'espace digital.
ANΩNYMO entend être une cérémonie contemporaine, un rituel qui redéfinit l'envie et l'importance d'être et de danser ensemble dans un espace qui renoue avec des figures passées pour interroger le présent.
6, rue Marcelin Berthelot 93100 Montreuil