Conscience brisée, un homme, fils et petit-fils d'un peuple de lune (les gens du Boutre), raconte, la rage entre les dents, le lent délitement de son archipel. Nous sommes aux Comores. Et ses semblables se noient par milliers sous les spotlights éteints du vaste monde. Au pied du mur - un mur dressé d'une main de maître sur un bras de mer d'à peine 70 km de long - l'homme égrène son chapelet au rythme des kwasa en naufrage, orchestrant ainsi le dhikri de la dernière illusion.
Un dhikri pour nos morts rend compte des obsessions d'un homme face au plus grand cimetière marin de l'océan indien. Entre l'Union des Comores et « Mayotte française » se meurent des milliers d'innocents depuis 1995, suite à l'instauration par l'Etat français du « visa Balladur ». Les Nations Unies considèrent Mayotte comme un territoire occupé par la France depuis 1975. Les kwasa sont les embarcations de fortune utilisées par une partie de la population comorienne pour rejoindre cette île. Le dhikri est un rituel d'invocation divine dont se saisissent les initiés soufi pour rendre hommage à leurs saints et à leurs morts les plus illustres aux Comores.
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