Velvet / Délit de fuite

• Michèle Murray - Velvet

Ce quatuor féminin accompagné d’une DJ, se joue des codes de la cérémonie sado-maso, entre sérieux et mise en abyme, entre dérision appliquée et acceptation non moins sérieuse.

Nous poursuivons notre recherche fondamentale autour du mouvement et la notion d'acteur corporel menée depuis la création de la compagnie. Pour ce projet, nous axerons notre recherche sur le rapport entre sexe, fantasme et genre à partir de trois éléments de travail clés :
- le choix de mise en scène de personnages aux yeux bandés formant leur masque permettant l'attention totale sur l'expression du corps.
- le choix de travail sur les postures et actions simples des corps, déplacés de leur contexte spatial et temporel habituels afin d'en transformer la vision et créer de nouvelles fictions.
- le traitement des objets par le détournement et le décalage pour créer des situations burlesques, grotesques ou dramatiques.

Velvet - d'où vous vient ce titre ?
Ce titre a plusieurs sources. Il désigne, bien sur, le bandeau de velours qui sert de masque aux interprètes. C'est aussi une allusion au livre de Sarah Waters Tipping the Velvet (caresser le velours) histoire d'amour lesbienne à l'époque victorienne.

Comment travaillez vous avec l'espace ?
L'espace est très parlant. Suivant l'endroit où quelqu'un se place ou la trajectoire qu'il choisit pour se déplacer, il dit quelque chose sur son état d'esprit, son sentiment ou son rapport aux autres et au monde. On peut dire beaucoup avec l'espace, simplement. La ligne ou le point font apparaître des mondes précis. Pour prendre un exemple concret : dans Velvet il y a un travail très simple sur la personne debout et la personne couchée. Avec ce choix de position dans l'espace apparaît toute la question du pouvoir dans le fantasme sexuel et dans le monde en général.

La Compagnie Michèle Murray mène un travail de création artistique depuis 1999. Actuellement, la compagnie est installée à Berlin et Montpellier. Le travail du mouvement et le travail d'acteur corporel constituent la base de recherche pour les créations, qui se font en étroite collaboration avec les interprètes, participant pour la plupart aux travaux de la compagnie depuis 1999. La base des créations reste l'investigation d'une atmosphère à la fois violente et jubilatoire, une sorte d'apocalypse joyeuse qui serait une façon d'envisager la création artistique et le monde aujourd'hui.

Direction artistique : Michèle Murray
Codirection : Maya Brosch
Création et interprétation : Maya Brosch, Marie Leca, Lise Vermot, Audrey Perin Vindt
Musique : DJ Lolita
2005, 35’

• Faizal Zeghoudi - Délit de fuite

Un duo d’hommes, partageant un moment de complicité, dans une atmosphère orientale, un hamman peut-être, où l’espace entre les deux corps se charge de tendresse, d’attirance.

Que j’exprime une émotion ou qu’une émotion s’exprime en moi, que je rêve ou que je raconte mon rêve, mon corps est là, présent. Nu ou vêtu, sauvage ou civilisé, ce corps est le lieu de mon être au monde, le laboratoire où s’élaborent mes sensations, mes perceptions, mes sentiments.

Chacun tranche, dissèque, colore, isole, sépare, analyse. Où trouver, parmi ces coupes, ces diagrammes, ces schémas, ces théories, l’expérience de plénitude que m’en donne la joie, le plaisir, l’amour ?

Chaque corps est le reflet d’une personne unique avec sa façon d’être unique elle aussi. Gestes, postures, expressions reflètent mes attitudes existentielles encore plus sûrement que mon discours. Ils disent mon caractère, ma façon de voir, de sentir, de craindre, d’aimer et trahissent mes sangles musculaires aussi bien que morales. L’expérience quotidienne m’enseigne une vérité première : je dis mon corps, mon corps me dit.

Nous ne pouvons négliger le fait qu’au cours de notre développement nous avons été immergés dans un bain de langage : celui de notre famille et du milieu particulier (historique, culturel, moral…) dans lequel nous nous sommes développés. Nous avons été formés dans la matrice d’un discours corporel qui de l’état de nature nous a fait passé à l’état de culture, cette culture qui est comme une seconde nature pour chacun de nous. Le discours ambiant nous a transmis quantités d’informations, d’obligations, d’interdits, d’ordres, de désirs, de préjugés. Il nous a ainsi programmé à notre insu et nombre de ces programmations qui continuent d’être actives en nous doivent être utilisées pour servir une danse que je nomme « danse sociologique ».

« Avec un artiste qu’il connaît bien, le chorégraphe girondin a choisi de revenir à un travail intimiste : dans Délit de fuite, j’achève le triptyque ouvert par Les Epousées en 1998 et poursuivi par  Hammam il y a deux ans ; j’ai voulu traiter de la confrontation culturelle orient - occident et j’achève ce parcours par un duo jouant sur l’idée de fusion. » Sud Ouest Bordeaux

Chorégraphie : Faizal Zeghoudi
Interprètes : Santiago Congoté et Faizal Zeghoudi
Création lumières : Gilles Govaerts
Musique : Chemirani, Angélique Ionnatos, Ouria Aichi, Samir Tahar
Conception sonore : Ruelgo
Création costumes : Lucette Viton
2005, 50’