Au Grand Trianon.
William Christie, ce n'est plus un secret, est passionné de jardinage, de plantes, de fleurs, d'horticulture, de jardins. Il a développé, dans sa propriété vendéenne, un exceptionnel travail de reconstitution d'un jardin à la française, lui donnant même depuis l'an passé le statut de jardin musical, grâce au festival qu'il y a créé.
Lorsque nous avons évoqué avec William Christie le Quadricentenaire de Le Nôtre, il a été immédiatement volontaire pour rendre hommage musicalement à ce concepteur de génie. Musique pour les Jardins du Roi fut le titre qu'il trouva pour ce projet, dont la domiciliation sera, avec évidence mais de manière exceptionnelle, sous le Péristyle du Grand Trianon. Entre Cour d'Honneur et Jardins dessinés par Le Nôtre, dans la chaleur du soir d'été et sa lumière faiblissante, le Péristyle retrouve la splendeur et l'intimité que Louis XIV admirait en lui. Marbres, colonnes, plantes, se répondent pour abriter des musiques contemporaines de Louis XIV et de Le Nôtre, qui auraient magnifiquement trouvé place dans ces lieux touchés par la grâce.
Pour Le Nôtre, les jardins étaient la continuation de l'architecture par d'autres moyens. Pour William Christie, ils représentent également les lieux les plus somptueux pour jouer la musique baroque évoquant le plein air, la pastorale, la chasse, la nature dans toutes ses métamorphoses... Il a donc choisi de présenter trois oeuvres marquantes.
Tout d'abord deux oeuvres évoquant directement le travail de Le Nôtre dans les Jardins de Versailles : Lully composa La Grotte de Versailles en référence directe à la Grotte de Thétis qui abritait le somptueux groupe d'Apollon et les Nymphes (aujourd'hui déplacé dans le Bosquet des Bains d'Apollon). Cette grotte à l'italienne, mythique réalisation dont il ne reste que des gravures, était peut être le plus précieux ornement des Jardins de Versailles dans leur premier état. Réalisée en 1666, elle fut détruite en 1684 pour l'agrandissement du château. En 1668, Lully et Quinault lui dédient une oeuvre vocale et instrumentale. Quelques années plus tard, Lalande compose Les Fontaines de Versailles, mini-opéra en six scènes, joué à Versailles le 5 avril 1683. Hommage là encore aux ornements les plus réputés des Jardins de Versailles, ces fontaines dont les Grandes Eaux ont traversé les siècles sans perdre de leur célébrité. Louis accompagné des jeux et de l'amour ramène la saison nouvelle, chante le livret : peut on imaginer plus bel hommage au printemps et au Roi ? William Christie mêlera ces deux oeuvres des musiciens les plus proches du Roi, en une évocation des jardins de Louis XIV.
Lorsque Charpentier compose Actéon, petit opéra de chasse, en 1684, ce n'est pas pour le Roi, mais pour la Duchesse de Guise dont il dirige la musique. L'oeuvre a cependant connu un succès qui la maintient jusqu'à nos jours sur de nombreuses scènes. Chantant vraisemblablement lui-même le rôle-titre à la création, Charpentier met en scène, sur un livret tiré des Métamorphoses d’Ovide, les passions et les déboires du jeune chasseur Actéon, amoureux de Diane, déesse de la chasse, qu’il surprendra au bain dans les bois qui sont son royaume. Pour châtier son indécente curiosité, elle le transforme en cerf et le laisse dévorer par ses propres chiens. Parabole baroque de l'amour s'il en est, Actéon figure parmi les chefs d'oeuvre de son auteur et de toute la musique de la fin du XVIIème siècle.
Gageons que William Christie et ses Arts Florissants, plus en situation que jamais, donneront à ces oeuvres leur plus belle sève...
Jean-Baptiste Lully (1632-1687) : La Grotte de Versailles (1668)
Michel Richard de Lalande (1657-1726) : Les Fontaines de Versailles (1683)
Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) : Actéon
Par Les Arts Florissants, direction William Christie.
Place d'Armes 78000 Versailles
Voiture : par l’autoroute A13, Sortie Versailles Château.
Pour le retour, une navette dépose aux gares et parking de Versailles (payant).
Pour les billets Carré or des spectacles au Jardin de l'Orangerie, parking Place d'Arme, côté droit.