« Dans le petit espace situé juste devant le rideau, juste au bord de la scène, se place Duo, une horloge faite de deux danseurs. Les danseurs marquent le temps en spirales, le rendent visible, en pensant à la façon dont il emplit l’espace. Ils attirent le temps dans un motif complexe et dépouillé, le motif se développe et se révèle à mesure qu’ils tombent, se détachent, frappent et repartent en arrière. Leurs corps étincelants des chatoiements de la peau, les danseurs construisent délicatement les facettes d’un puzzle d’exactitude, tandis que leurs souffles chantent les espaces du temps. Une musique lointaine se fait entendre puis s’évanouit tandis que les danseurs se suivent au travers du tourbillon, gravés dans le calme. Les danseurs finissent par devenir une horloge qui abolit les limites en retournant à son point de départ. » William Forsythe
Peut-on retenir la danse ? Qu’en reste-t-il quand le mouvement est achevé, que les danseurs sont partis, les compagnies dissoutes et les années passées ? Des souvenirs, des photos, des films. Des reprises et des relectures, sursis ou vies nouvelles. Avec une courte pièce qui parle justement du temps, on pourra retrouver un moment l’art de William Forsythe, plasticien autant que chorégraphe, mais on pourrait dire aussi cinéaste, architecte, scénographe, théoricien du mouvement, concepteur de lumières et homme éclairé.
Conçu pour deux danseuses et présenté pour la première fois par le Ballet de Francfort en 1996, Duo devient DUO2015 et trouve ici une nouvelle incarnation masculine. Car si la compagnie de William Forsythe a mis fin à ses activités en août dernier, deux de ses danseurs, l’Albanais Brigel Gjoka et l’Américain Riley Watts, ont reçu l’autorisation de reprendre la pièce, et au bout de cinq ans de travail, l’ont présentée à l’occasion de la tournée d’adieux de Sylvie Guillem, Life in Progress.
DUO2015, c’est une pièce brève et, à plus d’un titre, particulière. Outre le fait qu’elle requiert un degré de virtuosité technique très élevé, au sein du répertoire de William Forsythe, elle est reconnue parmi les danseurs comme la démonstration d’une irréprochable unité, où les interprètes doivent déployer leur propre et profonde musicalité. Sans se toucher, les partenaires s’y coordonnent au son de leur respiration et laissent le rythme de leur souffle leur servir de repère, dans un dialogue fait d’attente et d’action, d’unissons et de contrepoints. À Saint-Eustache, éclairés par la fin du jour, spirales, pendules, balanciers, avancées foudroyantes, fuites en arrière, trouveront sous les hautes voûtes de nouvelles géométries. Deux soirs en été, et puis ce sera passé. Passé mais pas fini : tout passe mais rien ne s’oublie.
magnifique de grâce et de technique
belle chorégraphie dans un lieu magnifique mais il manquait une musique pour accompagner le duo
Pour 2 Notes
magnifique de grâce et de technique
belle chorégraphie dans un lieu magnifique mais il manquait une musique pour accompagner le duo
Place du Jour 75001 Paris