Pièce pour 34 danseurs
Un choc esthétique
Une ambitieuse et brillante leçon d’histoire de la danse
Le Ballet Royal de Flandre
William Forsythe a entretenu de tout temps une relation évidente avec son propre répertoire, donnant à danser quelques-unes des ses pièces phares à des compagnies avec lesquelles il entretient une relation de confiance. Le Ballet Royal de Flandres, compagnie néo-classique belge, est aujourd’hui dirigée par Kathryn Bennetts, venue de chez Forsythe, justement. Il n’en fallait pas plus pour que le maître accepte de lui confier Impressing the Czar, écrit à partir de 1987, et dont les cinq parties forment une oeuvre à l’énergie contagieuse.
Empruntant à la fois à la forme de l’opéra-ballet et du musical américain de la grande époque des années 50, Impressing the Czar offre son lot de variations de danse classique revue et corrigée par Forsythe : pointe assassine des ballerines, cassure de l’axe de la silhouette, portés qui glissent sur la scène. Et surtout ce vertige dans la rapidité d’exécution. La danse de William Forsythe exige une technique irréprochable que les interprètes du Ballet Royal de Flandres maîtrisent à merveille.
Impressing the Czar offre au regard du spectateur une débauche de scènes, entre tableaux vivants et hommage au music-hall. Morceau de bravoure de l’ensemble, la partie intitulée In the Middle, Somewhat Elevated est un précis de composition chorégraphique : sous deux cerises dorées suspendues, les danseurs passent d’un partenaire à un autre, réinventent le pas de deux, s’affrontent dans un simple collant à l’élégance intemporelle. On devine ainsi le mouvement à l’état pur, comme s’il parcourait la colonne vertébrale pour finir aux extrémités du corps du danseur. Le final, avec toute la compagnie en costumes de school-girls, chemise blanche et jupe grise, a des allures de rituel improbable qui confine au chef-d’oeuvre.
Philippe Noisette
Par le Ballet Royal de Flandres.
Musique : Tom Wilems, Leslie Stuck, Eva Crossman-Hecht, Ludwig van Beethoven
Le chorégraphe s’y approprie pour les déconstruire ensuite toutes les formes de danses occidentales qu'il ne cesse de plier à ses obsessions de vitesse et de déséquilibre rattrapé. En trois actes, la pièce nous entraîne dans un vaste panorama, tout à la fois ironique et brillant, de la Renaissance à nos jours. Présenté ici par le Ballet Royal de Flandre, Impressing the Czar avait été créé en 1988 par le Ballet de Francfort et avait largement contribué à la renommée internationale du chorégraphe.
Crée en 1988, ce ballet époustouflant a été joué pour la dernière fois en 1995 par le Ballet de Francfort. Grand favori du public, Impressing the Czar jouit d’une notoriété internationale. Proche collaboratrice de William Forsythe et maître de ballet, Kathryn Bennets est à l’origine de la reprise d’Impressing the Czar par les danseurs du Ballet Royal de Flandre, qui donnent un souffle nouveau à cette production et sont les premiers à mettre cette pièce à l’affiche depuis la disparition du Ballet de Francfort en 2004.
William Forsythe nous offre un persiflage enlevé et spirituel de la danse classique à la cour du Tsar, soit plus globalement d’un répertoire néo-classique que la plupart des théâtres « officiels » continuent d’idéaliser. Le résultat est un inventaire stupéfiant des nombreuses formes de danses différentes que le chorégraphe a pu s’approprier au cours de sa carrière. La première partie, Potemkins Unterschrift (La Signature de Potemkine), aligne à toute allure, dans une submersion d’images, une foule de références aux conventions classiques, passant en revue l’histoire de l’art et du ballet, de la Renaissance à nos jours. Cet héritage culturel est mis à mal dans le troisième volet, La Maison de Mezzo-Prezzo, vente aux enchères des plus bouffonnes où les artistes-objets mis à prix sèment la panique d’une rébellion surréaliste. La danse épurée de la seconde partie, In the Middle, Somewhat Elevated, constitue véritablement, entre des tableaux exubérants et burlesques, le coeur de l’oeuvre. Crée à l’Opéra de Paris, c’est la pièce qui fit la renommée mondiale de William Forsythe. Dans Bongo-Bongo Nageela, William Forsythe présente un rapport d’écolière à l’humour féroce, une danse agressive et atavique interprétée par des danseurs et danseuses en uniformes d’écoliers anglais. Dans la dernière partie, Mr. Pnut goes to the Big Top, le “maître des plaisirs”, Mr. Pnut, exécute un final explosif…
Fondé en 1969, le Ballet Royal de Flandre est aujourd’hui l’unique ballet classique de Belgique. Il est constitué de danseurs étoiles venus du monde entier, qui interprètent les grands ballets du répertoire sous la direction artistique de Kathryn Bennetts. L'énergie incomparable de ses jeunes danseurs et leur style impeccable ont fait la réputation internationale du ballet. Mais c’est aussi l’intelligence des interprétations proposées par Kathryn Bennets, alliant respect de la tradition et ouverture à la modernité, qui lui ont acquis un très large public. Une preuve s’il en fallait que le ballet classique est toujours vivant, et qu’il a toute sa place au sein de la grande famille des créateurs de la danse aujourd’hui. La prestigieuse institution est réputée pour l’excellence de son style, l’énergie physique pure de ses jeunes danseurs et l’intensité de ses interprétations.
Situé à Anvers, le Ballet est dirigé depuis juillet 2005 par Kathryn Bennetts, spécialiste du répertoire de William Forsythe, avec lequel elle a collaboré pendant quinze ans au sein du Ballett Frankfurt. A ce titre, Kathryn Bennetts a depuis 1989 mis en scène nombre de chorégraphies de Forsythe avec des ballets nationaux du monde entier.
C’est un grand plaisir pour moi que de présenter le ballet de William Forsythe Impressing the Czar.
Nous sommes tous très enthousiastes à l’idée d’exécuter ce brillant ballet. Après une dernière exécution par le Ballett Frankfurt en 1995, on était en droit de se demander si le ballet serait encore dansé un jour, compte tenu de sa complexité. Ce ballet fut longtemps un grand favori du public et sa reprise n’est pas passée inaperçue sur la scène internationale. Nous nous sentons donc particulièrement privilégiés et excités à l’idée de donner un nouveau souffle à cette production.
Je voudrais donc remercier en premier lieu William Forsythe pour la confiance qu’il a mise en moi et la compagnie.
Kathryn Bennetts
1, Place du Trocadéro 75016 Paris